La Renaissance est une période importante pour l’histoire des cultures alimentaires en Occident. Elle marque une transition décisive entre la culture alimentaire médiévale et la modernité culinaire des XVIIe et XVIIIe siècles français. L’étude d’une longue Renaissance (mi XVe -début XVIIe siècle) offre de réelles possibilités de compréhension et d’analyse de cette transition peu étudiée, grâce à des sources plus nombreuses qu’aux siècles précédents, notamment pour la ville de Rennes, capitale de la province bretonne dont les cultures alimentaires demeurent encore largement méconnues. Nous nous sommes appuyés sur la notion « d’économie de la table », comprenant la dimension de la production et des approvisionnements, mais également des choix politiques, ceux d’une fiscalité alimentaire et de la construction d’infrastructures, sans oublier les aspects sociaux avec les règlementations et les modalités de la prise de nourriture par les différentes catégories de la population. Celles-ci sont bien présentes dans nos sources grâce aux nombreuses mises et aux livres de comptes, lesquels peuvent être croisés avec des sources imprimées et les résultats de fouilles archéologiques. Les repas des privilégiés sont les mieux représentés dans notre documentation avec notamment une économie du don qui est développée et assez encadrée. Certains grands repas de la communauté de ville, surtout pendant la période ducale, ceux de certaines communautés religieuses et des hôpitaux, bien documentés, permettent parfois une analyse sérielle, et laisse entrevoir une culture culinaire et de table variée. L’économie domestique, avec son mobilier spécifique, ses techniques culinaires, ses horaires et son calendrier menso-liturgique fait suite, dans l’analyse, à l’économie productrice et marchande. L’étude se termine par les contraintes religieuses, symboliques et matérielles, lesquelles n’empêchent pas les plaisirs de la table, en gras comme en maigre, notamment pour les privilégiés. Qu’elle soit ordinaire, festive ou extraordinaire, l’alimentation à Rennes à la Renaissance permet à cette thèse d’aller plus en avant dans la reconstitution des choix et des contraintes des différentes prises alimentaires. Elle débouche sur une question d’importance : existe-t-il une identité alimentaire « Renaissante » à Rennes, voire propre à cette capitale ?
The Renaissance is an important period in the history of Western food culture. It marks a decisive transition between medieval food culture and the culinary modernity of the French 17th and 18th centuries. The study of a long Renaissance (mid-15th to early 17th century) offers real possibilities for understanding and analyzing this little-studied transition, thanks to more numerous sources of information available than in previous centuries. This is especially so for the city of Rennes, capital of the Breton province (Brittany), whose food cultures are still largely unexplored. We have based ourselves on the notion of "table economy", including the dimension of production and supplies, but also political choices, those of food taxation and the construction of infrastructures, without forgetting the social aspects with the regulations and the modalities of food intake by the different categories of the population. These are well documented in our sources thanks to the numerous expense paper and account books, which can be cross referenced with printed sources and the results of archaeological excavations. The meals of the privileged are the best represented in our documentation, particularly with gift economy that is developed and well regulated. Certains larges banquets of the city community, especially during the ducal period, and those of certain religious communities and hospitals, are well documented and sometimes allow for a serial analysis, and suggest a varied culinary and dining culture. The domestic economy, with its specific furniture, its culinary techniques, its timetables and its menso-liturgical calendar follows, in the analysis, the productive and commercial economy. The study ends with the religious, symbolic and material constraints, which do not prevent the pleasures of the table, both fat and lean, especially for the privileged. Whether ordinary, festive or extraordinary, the study of Rennes during the Renaissance allows this thesis to go further in the reconstitution of the choices and constraints of the different food intakes during that period. It leads to an important question : does a "Renaissance" food identity exist in Rennes, or even one specific to this capital city ?