Evolution de la pratique de l'activité physique chez le patient alcoolo dépendant après sevrage et retentissement sur l'estime de soi

Contexte :
Le patient alcoolodépendant est souvent décrit comme inactif, dépourvu d'envie, de motivation et présentant un mal être corporel. L'estime de soi est par conséquent un axe de soin privilégié dans l'accompagnement thérapeutique. L'activité physique est un enjeu de santé publique, recommandée pour ses bienfaits physiques et psychologiques, pouvant apporter une aide dans la prise en charge du patient présentant un trouble d'usage lié à l'alcool.

Objectifs : Notre étude avait pour objectif principal de noter l'évolution de la pratique de l'activité physique après sevrage en alcool, mais également d'évaluer le retentissement sur l'estime de soi, la motivation et les freins à cette pratique.

Matériel et méthode : Une étude quantitative longitudinale avec un questionnaire soumis aux patients lors du sevrage hospitalier puis réalisé à 1 et 3 mois, nous a permis de répondre à cette problématique. L'activité physique a été évaluée par la version courte de l'International Physical Activity Questionnaire (IPAQ) nous permettant de définir une dépense énergétique en MET.min/sem, l'estime de soi par l'Inventaire de l'estime de soi (ISP-10), la motivation et les freins respectivement par l’Échelle de motivation du Sport (EMS) et le Barriers to Physical Activity (BAPA).

Résultats : Au total, 31 patients ont été inclus, avec une augmentation de la dépense énergétique totale moyenne à 1 et 3 mois, respectivement de 46% (p=0,0019) et 14,5% (p=0,185). Une baisse significative (p=0,0048) de la DE moyenne de 21,6% a été mise en évidence entre T1 et T3. L'estime de soi suivait la même courbe d'évolution avec une augmentation du score ISP chez 97% des patients à T1 et 77% à T3 avec un gain moyen de 10 points (±8) à T1 (p=3,193) contre 6,5 points (±8) à T3 (p=0,000157). Diminution significative (p=0,00843) entre T1 et T3 constatée chez 81% des patients avec une perte moyenne de 4,5 points (±7). La même cinétique avait été mise en évidence pour la motivation avec une augmentation de 7,5% (p=0,054) et 1,1% (p=0,685) aux T1 et
T3 au score EMS moyen et une baisse de 5,9% (p=0,109) entre T1 et T3. Il y avait une baisse de 13% et 10% au score BAPA moyen aux T1 et T3 (p=0,00962 et p=0,0129) et une augmentation
moyenne de 3,2% (p=0,471) entre T1 et T3.

Conclusion : Cette étude nous a permis de démontrer une augmentation de la pratique d'activités physiques chez le patient alcoolodépendant en post sevrage. Elle doit permettre d'améliorer l'estime de soi et d'induire un changement durable nécessaire à son bien être. Les difficultés à maintenir une activité physique bénéfique à moyen et long terme renforcent l'importance de soutenir cette démarche dans un cadre thérapeutique.

Diplôme d'État de docteur en médecine

UFR Médecine

000005193