Les sensibilités à la violence dans l'Anjou de la seconde moitié du XVIIIe siècle

TitreLes sensibilités à la violence dans l'Anjou de la seconde moitié du XVIIIe siècle
TypeMémoire de Master
AuteursCouane Thomas
DirecteursBoisson Didier, Quellier Florent
Année2022
URLhttps://dune.univ-angers.fr/fichiers/18010088/2022HMHCP14901/fichier/14901F.pdf
Mots-clésAnjou, criminalité, justice seigneuriale, mentalités, sénéchaussée, sensibilités, violence, XVIIIe siècle
Date de soutenance2022-06-15
Résumé

La thématique de la violence est difficile à étudier parce que le mot recouvre un ensemble de réalités plurielles. Le mot violence est un concept, c’est-à-dire une grille d’analyse, d’interprétation dont le sens dépend du contexte géographique et temporel dans lequel il est étudié. Un homme du XXIe siècle ne parle pas de violence dans les mêmes termes que celui du XVIIIe siècle. Chaque société définit les contours de la violence, en suivant des codes sociaux tacites qui disent les comportements acceptables et ceux qui ne le sont pas. Ainsi, elles établissent un seuil de tolérance à la violence. Les archives judiciaires permettent d’étudier ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas, ce qui est offensant et violent, et ce qui ne l’est pas, car elles font entendre les voix des acteurs de cette société qui sont appelés pour le temps du procès « accusés », « plaignant », « témoins ». Ils disent les mœurs et les sensibilités de la société dans laquelle ils évoluent. Il ressort de cette étude que les hommes et les femmes d’Anjou de la seconde moitié du XVIIIe siècle exercent, subissent, ou vivent une violence marquée par sa quotidienneté et sa banalité. Il y a peu de criminels endurcis, qui tuent parce qu’ils ont soif de sang. La violence n’est pas marginale, elle est au contraire le fruit des interactions sociales, un dérapage des sociabilités ordinaires, parfois même un moyen de communiquer, où la question de du « moi » est essentielle. Quels que soient les lieux ou les temps, la violence est à la fois la violence qui offense, comme la violence de l’offensé qui cherche à réparer cette offense. On défend sa réputation, son honneur, et ses différents territoires avec force. Les injures, les menaces, les provocations verbales et gestuelles, et les différentes atteintes aux biens matériels constituent un éventail d’offenses susceptibles de générer des situations violentes, qu’elle s’exprime dans des lieux de sociabilité, comme le cabaret ou la place du village, ou des lieux liés au travail, comme le champ. On l’exerce, très souvent sous le regard des autres, pour dévaloriser son adversaire et s’affirmer soi, ou pour ne pas perdre la face en public. Lorsque les violences s’écartent de ces raisons, elles sont condamnées par les hommes et les femmes. Dans cette société, parce que les comportements violents sont attendus socialement dans certaines situations, n’importe qui peut être violent, et aux yeux de la justice, n’importe qui peut être un criminel.

Résumé en anglais

Violence is a complex theme because the word itself covers a set of plural realities. As a concept, a grid of analysis, of interpretation, the meaning of the word “violence” depends on the geographical and temporal context in which it is studied. A man of the 21st century does not speak of violence in the same terms as a man of the 18th century. Each society defines the contours of violence, following tacit social codes that say what behaviors are acceptable and what are not. Thus, people set up a threshold of tolerance to violence. Court records allow us to study what is acceptable and what is not, what is offensive and violent, and what is not, because they allow us to hear the voices of the actors of this society who are called for the time of the trial "accused", "plaintiff", "witnesses". They express the morals and sensibilities of the society in which they live. It emerges from this study that the men and women of Anjou in the second half of the 18th century practiced, underwent, or experienced a violence marked by its everydayness and banality. There are few hardened criminals who kill because they are bloodthirsty. Violence is not marginal. On the contrary, violence is the product of social interactions, a slip of the usual sociabilities, sometimes even a means of communication, where the question of the "me" is essential. Whatever the place or time, violence is both the violence that offends, as well as the violence of the offended who seeks to repair this offense. One defends one's reputation, one's honor, and one's various territories with force. Insults, threats, verbal and gestural provocations, and the various attacks on material goods represent a range of offenses likely to generate violent situations, whether it is expressed in sociability places, such as the cabaret or the village square, or places linked to work, such as the field. It is often exercised before other people, to devalue one's opponent and to assert oneself, or to avoid losing face in public. Violence is condemned by men and women when it drifts from these reasons. In this society, because violent behaviors are socially expected in certain situations, anyone can be violent, and in the eyes of the law, anyone can be a criminal.

Langue de rédactionFrançais
Nb pages149
Diplôme

Master Histoire, Civilisations, Patrimoine

EditeurUniversité d'Angers
Place PublishedAngers
Libellé UFR

UFR de Lettres, Langues et Sciences Humaines