En France, les troubles liés à l’usage de substances constituent un enjeu majeur, avec une morbi-mortalité élevée. Véritable maladie chronique, l’addiction exige des parcours de soins coordonnés et personnalisés. Dans ce contexte, la pair-aidance, historiquement ancrée en addictologie, s’est professionnalisée via les patients experts en addictologie (PEA). Si des bénéfices personnels pour les PEA sont suggérés, les effets négatifs restent peu étudiés. Cette thèse évalue l’expérience des PEA (aspects positifs et négatifs), leur place et fonction perçues, ainsi que les risques et besoins ressentis. Il s’agissait d’une étude qualitative d’approche phénoménologique, de posture inductive et interprétative, fondée sur des entretiens semi-directifs réalisées auprès de dix PEA recrutés jusque saturation des données. Notre étude met en évidence que la fonction de PEA est associée à des perceptions bénéfiques pour les pairs eux-mêmes (estime de soi, consolidation du rétablissement, sentiment d’utilité, développement de connaissances et de compétences etc.). En miroir, les participants décrivent des risques/vulnérabilités (surcharge émotionnelle et mentale, résonance traumatique, surinvestissement, confusion des rôles, fatigue physique etc.). En parallèle, les participants identifient cinq conditions protectrices soutenant la fonction (reconnaissance institutionnelle et intégration d’équipe, supervision/tutorat/encadrement professionnel, stabilité du rétablissement, capacité à poser des limites et à dire « non » et soutien par les pairs et sentiment d’appartenance). La fonction de PEA est globalement bénéfique, à condition d’un cadre structuré. Le modèle « Rôle–Charge–Soutien » formalise les équilibres nécessaires (rôle clair, charge régulée, soutien effectif) et se traduit en deux outils opérationnels (check-list J0–J90, guide pratique d’aide à la décision) de prévention primaire, plaidant pour la pérennisation de la fonction. Des répliques multi-sites et suivis longitudinaux quantifiés sont nécessaires pour confirmer l’ampleur et la généralisation des effets.
In France, substance use disorders represent a major public health issue, with high morbidity and mortality. As a chronic disease, addiction requires coordinated and personalized care pathways. In this context, peer support, historically rooted in addiction care, has become professionalized through expert patients in addiction care (EPAC). While personal benefits for EPACs are suggested, potential negative effects remain underexplored. This thesis assesses EPAs’ experience (positive and negative aspects), their perceived role and function, as well as perceived risks and needs. Qualitative study with a phenomenological, inductive, and interpretive approach, based on semi-structured interviews with ten EPACs, recruited until data saturation. The EPAC’s role is associated with perceived benefits for the peers themselves (enhanced self-esteem, consolidation of recovery, sense of usefulness, development of knowledge and skills, etc.). In parallel, participants describe risks/vulnerabilities (emotional and mental overload, traumatic resonance, overinvestment, role confusion, physical fatigue, etc.). They also identify five protective conditions supporting the role: institutional recognition and team integration; supervision /mentoring/professional oversight; stability of recovery; ability to set boundaries and say “no”; and peer support with a sense of belonging. The EPAC’s role is overall beneficial, provided a structured framework is in place. We propose a pragmatic framework aligning role clarity, workload regulation, and effective support, operationalized through two tools (J0–J90 onboarding checklist; decision-support guide) enabling primary prevention and arguing for the role’s sustainment. Multicenter longitudinal studies with standardized measures are needed to confirm the magnitude and generalizability of these effects.