L’éducation thérapeutique du patient (ETP) est un élément central de la prise en charge des maladies chroniques, favorisant autonomie et qualité de vie. Pourtant, sa mise en oeuvre reste hospitalo-centrée, avec un déficit de continuité en ville. Cette étude vise à explorer les perceptions croisées des professionnels de santé (PDS) de soins primaires et des patients concernant la communication et la transmission d’information interprofessionnelle en ETP. Deux études complémentaires ont été conduites au CHU d’Angers. La première, quantitative, a reposé sur un questionnaire en ligne auto administré adressé aux PDS de soins primaires du Maine-et-Loire. La seconde, qualitative, consistait en entretiens semi-dirigés avec six patients ayant récemment participé à un programme d’ETP analysés par méthode thématique. Un tiers des professionnels déclaraient être informés de la participation d’un patient à un programme d’ETP. La majorité souhaitait une transmission structurée à des moments clés, via messagerie sécurisée. Les patients confirmaient ce déficit de communication et rapportaient devoir souvent jouer le rôle de relais d’information, situation perçue comme insécurisante, surtout pour les pathologies rares. Alors que les PDS évoquaient principalement des obstacles organisationnels (temps, formation), les patients insistaient sur le manque de connaissances et la nécessité d’une information personnalisée, incluant d’autres acteurs de leur parcours (ambulanciers, pompiers). Ces études convergent sur le déficit de communication interprofessionnelle en ETP, mais divergent quant aux attentes : standardisation pour les PDS et personnalisation pour les patients. Ces résultats plaident pour des outils de transmission bidirectionnels, sécurisés et flexibles, ainsi qu’un renforcement de la formation continue, intégrant l’expérience patient afin d’améliorer la continuité éducative et la prise en charge des maladies chroniques.
Therapeutic patient education (TPE) is a central component of chronic disease management, promoting autonomy and quality of life. However, its implementation remains hospital-centred, with a lack of continuity in the community. This study aims to explore the cross-perceptions of primary care health professionals (HP) and patients regarding interprofessional communication in TPE. Two complementary studies were conducted at Angers University Hospital. The first, quantitative study was based on an online questionnaire sent to primary care HPs in Maine-et-Loire. The second, qualitative study consisted of semi-structured interviews with six patients who had recently participated in a TPE programme, analysed using a thematic method. One-third of professionals reported being informed of a patient's participation in a TPE programme. The majority wanted structured communication at key moments, via secure messaging. Patients confirmed this communication gap and reported that they often had to act as information relays, a situation perceived as unsettling, especially for rare diseases. While professionals mainly cited organisational obstacles (time, training), patients emphasised the lack of knowledge and the need for personalised information, including other actors in their care pathway (paramedics, firefighters). These two studies converge on the lack of interprofessional communication in TPE, but diverge in terms of expectations: standardisation for professionals, personalisation for patients. These results call for secure and flexible two-way communication tools, as well as enhanced continuing education that incorporates patient experience, in order to improve educational continuity and the management of chronic diseases.