Introduction : les professionnels travaillant dans le milieu de la santé sont exposés quotidiennement aux médicaments, les exposant à un possible risque d’effets indésirables. Les données de la littérature à ce sujet se concentrent uniquement sur quelques classes médicamenteuses spécifiques (cytotoxiques, anesthésiques, médicaments allergisants). En France, depuis 2012, les effets indésirables survenant dans ce contexte sont recueillis par les Centres Régionaux de Pharmacovigilance. Ainsi, l’objectif est de décrire les effets indésirables médicamenteux et les médicaments impliqués suite à une exposition professionnelle à partir des cas enregistrés dans la Base Nationale de Pharmacovigilance (BNPV).
Méthode : une étude observationnelle a été menée à partir de la BNPV. Les cas d’exposition professionnelle à un médicament ont été extraits et analysés. Leur imputabilité et leur évitabilité ont été évaluées.
Résultats : au total, 218 cas impliquant 350 effets indésirables ont été inclus. La plupart ont eu lieu dans les services de soins hospitaliers, principalement chez les infirmier(ère)s. Parmi ces cas, 47 étaient notifiés comme graves, dont un mettant en jeu le pronostic vital. Trois classes médicamenteuses étaient à l’origine de la majorité des cas : les anesthésiques, les autres médicaments du système respiratoire (majoritairement la scopolamine) et les cytotoxiques. Les organes les plus touchés étaient les yeux et la peau. Enfin, 22,5% des cas ont été considérés comme évitables.
Conclusion : cette étude souligne l'importance de sensibiliser les professionnels aux risques liés à l’exposition professionnelle médicamenteuse. L’amélioration de la qualité des informations disponibles associées à la mise en place de mesures préventives (éducation, formation…) et de suivi des expositions pourrait contribuer à améliorer la sécurité des professionnels sur leur lieu de travail.
Introduction : healthcare professionals are exposed to drugs on a daily basis, putting them at risk of adverse effects. The literature on this subject focuses solely on a few specific classes of drugs (cytotoxic drugs, anesthetics). In France, since 2012, adverse effects occurring in this context have been collected by the Regional Pharmacovigilance Centers. The objective is therefore to describe the adverse drug effects and the drugs involved following occupational exposure based on cases recorded in the French Pharmacovigilance Database (FPVD).
Method : an observational study was conducted using the FPVD. Cases of occupational exposure to a drug were analyzed and their imputability and preventability were assessed.
Results : a total of 218 cases involving 350 adverse events were included. Most occurred in hospital care settings, mainly among nurses. Of these cases, 47 were reported as serious, including one that was life-threatening. Three classes of drugs were responsible for the majority of cases: anesthetics, other respiratory system products (mainly scopolamine), and cytotoxic drugs. The organs most affected were the eyes and skin. Finally, 22.5% of cases were considered preventable.
Conclusion : this study highlights the importance of raising awareness among professionals about the risks associated with occupational exposure to drugs. Improving the quality of available information and implementing preventive measures (education, training, etc.) could help improve the safety of professionals in the workplace.