La commune de Port-Brillet est fondée tardivement, seulement en 1874. Cette date est importante pour ce qui est de l’affirmation de l’identité politique de cette population ouvrière rurale. Au cœur de la commune, les Forges de Mayenne, devenues les forges de Port-Brillet, sont les vestiges d’un complexe industriel de la période moderne. Plus grands pôles ouvriers en Mayenne, le XIXe siècle est une période d’instabilité et de déclin pour ce site métallurgique. La reprise par l’industriel Armand Chappée relance le dynamisme économique dirigé par un paternalisme politique fort. Cette étude montre comment les ouvriers, républicains dès la Révolution française, ont évolué différemment par rapport au reste de la population départementale avant d’être pris en charge par une politique conservatrice, chaperonnée par le patronat. Le décès du fondateur Chappée acte une rupture dans la vie ouvrière du plus grand bastion industriel mayennais. Alors, l’arrivée de la politisation et de l’idéologisation s’accompagne de celles de figures et de presses communistes et socialistes au cœur du territoire mayennais. Ainsi, de la masse assagie par le père Chappée, la population se convertit doucement à la contestation politique et sociale tout en gardant des droits sociaux et culturels offerts par le patronat. Cette étude tente donc de comprendre les éléments qui ont permis à cette population ouvrière de devenir un lieu très politisé qui par la suite fera du surnom de la commune « La Rouge ».
The commune of Port-Brillet was established relatively late, only in 1874. This date is significant in terms of the affirmation of the political identity of this rural working-class population. At the heart of the commune lie the Forges de Mayenne, later known as the Forges of Port-Brillet—remnants of a modern-era industrial complex. As one of the largest working-class centers in the Mayenne region, the 19th century marked a period of instability and decline for this metallurgical site.The revival of the site by industrialist Armand Chappée brought renewed economic dynamism, driven by a strong paternalistic political approach. This study highlights how the workers—republicans since the French Revolution—evolved differently compared to the rest of the departmental population, before eventually coming under the influence of a conservative policy guided by the employer class. The death of the founder Chappée marked a turning point in the working-class life of the region’s largest industrial stronghold.It was then that political and ideological engagement began to take root, accompanied by the emergence of communist and socialist figures and press at the heart of the Mayenne region. Thus, from a workforce once pacified under the authority of Father Chappée, the population gradually shifted toward political and social protest, while still retaining certain social and cultural benefits provided by the employer. This study therefore seeks to understand the factors that led this working-class population to become a highly politicized area, eventually earning the commune the nickname “La Rouge”.