Objectif L’objectif principal est d’interroger les médecins généralistes sur leur manière d’aborder la question de l'abus sexuel chez leurs patients en consultation. L’objectif secondaire est d’interroger les médecins généralistes sur leur ressenti lors de ces consultations.
Méthode Étude qualitative menée auprès de médecins généralistes via des entretiens semi-directifs, par analyse inspirée de la théorisation ancrée. L’analyse a permis de faire émerger les principaux freins, leviers et évolutions dans la prise en charge des violences sexuelles en consultation.
Résultats La révélation est rare, souvent entravée par la honte, la culpabilité ou l’amnésie post-traumatique chez les patients. Du côté des médecins, les obstacles sont multiples : manque de ressources, inconfort émotionnel et peur de nuire à la relation. Cependant, avec l’expérience, les praticiens développent des compétences relationnelles spécifiques, adaptent leur posture et reconnaissent l’importance d’un questionnement adapté et progressif. Ils évoquent la nécessité de connaître territorialement et renforcer les prises en charge sociales et judiciaires possibles pour ces victimes de violences, au risque d’avoir un sentiment d’aide incomplète auprès des patients.
Discussion La révélation d’une violence sexuelle peut constituer un tournant thérapeutique si elle est accueillie dans un cadre sécurisant et empathique. Le médecin généraliste joue un rôle clé dans le repérage, l’accompagnement et l’orientation des victimes. L’expérimentation permet le développement des compétences, dans le cadre d’une posture professionnelle déontologique et des compétences attendues du médecin généraliste. Des efforts restent nécessaires pour systématiser le questionnement dans une approche respectueuse et non intrusive. Deux éléments aidants pour les médecins : une réflexion sur la relation médecin-patient pour soulager la charge émotionnelle lors des révélations de leurs patients et la connaissance des possibilités des prises en charge en aval des révélations qui lui seront faites. La prise en charge des victimes nécessite de quitter le seul prisme de la santé et d’aborder la question de façon globale au niveau sociétal et judiciaire pour améliorer la prévention des violences et les prises en charges spécialisées des victimes de violence.
Objective The primary objective is to survey general practitioners on how they address the issue of sexual abuse with their patients during consultations.
The secondary objective is to survey general practitioners on their feelings during these consultations.
Method Qualitative study conducted among general practitioners through semi-structured interviews, using analysis inspired by grounded theory. The analysis revealed the main barriers, levers and developments in the management of sexual violence in consultations.
Results Disclosure is rare, often hindered by shame, guilt or post-traumatic amnesia in patients. On the doctors' side, there are many obstacles: lack of resources, emotional discomfort and fear of damaging the relationship. However, with experience, practitioners develop specific interpersonal skills, adapt their approach and recognise the importance of asking appropriate and gradual questions. They highlight the need to be aware of and strengthen the social and legal support available to victims of violence in their local area, otherwise there is a risk that patients will feel that they have not received adequate help.
Discussion The disclosure of sexual violence can be a turning point in treatment if it is received in a safe and empathetic environment. General practitioners play a key role in identifying, supporting and referring victims. Experience allows them to develop their skills, within the framework of professional ethics and the skills expected of general practitioners. Efforts are still needed to systematise questioning in a respectful and non-intrusive manner. Two elements can help doctors: reflection on the doctor-patient relationship to alleviate the emotional burden when patients disclose their experiences, and knowledge of the options available for follow-up care after disclosures. Caring for victims requires moving beyond a solely health-based perspective and addressing the issue holistically at the societal and judicial levels to improve violence prevention and specialised care for victims of violence.