Introduction : la paternité est un bouleversement dans la vie d’un homme et peut être vécue par certains pères comme une véritable épreuve. Qu’il s’agisse d’un premier enfant ou non, cette situation nouvelle peut favoriser l’apparition de difficultés et le développement de certains troubles psychiatriques. Ainsi il existerait un taux d’environ 10% de dépressions périnatales paternelles. Alors que certaines études ont interrogé le vécu et les attentes des pères concernant l’accompagnement à la paternité, nous nous intéressons ici à l’expérience et aux pratiques des médecins généralistes (MG).
Matériels et Méthodes : étude qualitative, au moyen d’entretiens individuels semi-dirigés. Les entretiens étaient enregistrés, anonymisés, puis retranscrits en respectant le langage oral. Un double codage a été réalisé. Plusieurs analyses des verbatims ont été effectuées, permettant d’organiser les données en thèmes et sous-thèmes. La thèse a été conçue pour répondre à un maximum de critères de la grille COREQ.
Résultats : 10 entretiens ont été réalisés, permettant une suffisance de données. Les expériences des MG sont très variables. Les pères, qui ne se sentent pas légitimes à consulter, ont globalement peu recours au système de soins. Il arrive cependant qu’ils évoquent divers questionnements et difficultés en consultation de médecine générale. Que ce soit en termes d’intégration des pères dans le parcours de soins périnatal ou en termes d’abord de la paternité, les pratiques des médecins divergent. Les MG évoquent certains freins à l’accompagnement à la paternité comme le manque de temps, des freins personnels et surtout, un manque de connaissances concernant l’accompagnement à la paternité. Ils émettent donc certaines pistes d’amélioration comme une majoration des campagnes de prévention des troubles psychiatriques périnataux paternels ainsi qu’une majoration des formations et l’émission de recommandations à destination des MG.
Conclusion : les pratiques des MG sont hétérogènes en termes d’accompagnement à la paternité et le dépistage des troubles psychiatriques périnataux ne semble pas ancré dans les pratiques. Différents freins semblent en cause. L’accompagnement des pères en période périnatale parait donc perfectible mais cela nécessite une implication des pouvoirs de santé publique.
Introduction : fatherhood is a significant upheaval in a man's life and can be experienced by some fathers as a genuine challenge. Whether it is their first child or not, this new situation may lead to difficulties and the development of certain psychiatric disorders. It is estimated that approximately 10% of fathers experience perinatal depression. While some studies have explored fathers' experiences and expectations regarding support during fatherhood, this study focuses on the experiences and practices of general practitioners.
Materials and Methods : a qualitative study was conducted using semi-structured individual interviews. The interviews were recorded, anonymized, and transcribed while preserving the oral language. A double coding process was applied. Several analyses were performed to organize the data into themes and subthemes. The study was designed to meet as many criteria as possible from the COREQ checklist.
Results : ten interviews were conducted, providing sufficient data adequacy. General practitioners' experiences vary widely. Fathers, who often do not feel entitled to seek care, generally make little use of the healthcare system. However, they sometimes raise various questions and difficulties during general medical consultations. Whether in terms of integrating fathers into the perinatal care pathway or addressing fatherhood, the practices of general practitioners differ significantly. Physicians cited several barriers to supporting fatherhood, such as a lack of time, personal constraints, and, most notably, a lack of knowledge regarding fatherhood support. They suggested several avenues for improvement, including increased awareness campaigns about paternal perinatal psychiatric disorders, enhanced training, and the development of specific guidelines for general practitioners.
Conclusion : general practitioners' practices regarding support for fatherhood are heterogeneous, and the screening for perinatal psychiatric disorders does not appear to be well-established. Various barriers contribute to this issue. Supporting fathers during the perinatal period appears to have room for improvement, but this requires the involvement of public health authorities.