Introduction. La proportion de femmes débutant une grossesse après l'âge de 35 ans (appelées "Advanced Maternal Age" ou AMA dans la littérature internationale) est en constante augmentation dans la société française actuelle. Ce constat est également un phénomène mondial et de nombreuses études ont été menées afin d'évaluer la possibilité d'un sur-risque associé à ces grossesses. Malgré quelques résultats discordants, la plupart des études s'accordent à conclure que ces grossesses sont qualifiées à risques, avec une augmentation des risques de complications obstétricales, notamment la pré-éclampsie, mais également maternelles et néonatales. La plupart des études ont comparé une population de patientes âgées de plus de 35 ans par rapport aux patientes plus jeunes. A notre connaissance, peu d'études se sont intéressées spécifiquement à la population de patientes enceintes à partir de 40 ans, et plus précisément, ont cherché à évaluer si les patientes âgées de 42 ans et plus étaient plus à risque que les patientes âgées de 40 et 41 ans.
Méthodes. Nous avons donc réalisé une étude de cohorte rétrospective monocentrique type exposé-non exposé, afin d'établir si les patientes âgées de plus de 42 ans présentent plus de risques de pré-éclampsie par rapport à celles âgées entre 40 et 41 ans. D'autres complications telles que l'hypertension artérielle gravidique, le diabète gestationnel ou la mort fœtale in utero étaient également étudiées.
Résultats. Au total, 633 patientes ont été incluses dans l’étude. 414 patientes étaient âgées de 40 et 41 ans au début de leur grossesse et 219 patientes étaient âgées de 42 ans et plus. La prévalence globale de la pré-éclampsie dans notre cohorte était de 6,79% (43 sur 633 grossesses). Le taux de pré-éclampsie était comparable entre les deux groupes (RR 1,54 (0,82 – 2,88) p = 0,17). Après analyse univariée et multivariée, l'âge supérieur à 42 ans n'était pas retrouvé comme un facteur de sur-risque de pré-éclampsie dans la population étudiée. A l’inverse, la nulliparité, l’obésité et l’antécédent de pré-éclampsie ont été identifiés comme des facteurs de risque de pré-éclampsie dans notre population. En ce qui concerne les autres complications de grossesses étudiées ainsi que les complications néo-natales et maternelles, seules l'hypertension artérielle gravidique et la mort fœtale in utero présentaient des prévalences significativement plus élevées dans le groupe des patientes âgées de 42 ans et plus, par rapport aux patientes de 40 et 41 ans.
Conclusion. Dans notre étude, les patientes de 42 ans et plus ne semblent pas présenter de sur-risque de pré-éclampsie par rapport à celles âgées de 40 et 41 ans. Leur suivi de grossesse pourra être adapté au cas par cas en fonction d’autres facteurs de risque associés.
Introduction. The proportion of women beginning a pregnancy after the age of 35 (referred to as “Advanced Maternal Age”, or AMA in international literature) is steadily increasing in today’s French society. This trend is also observed globally, and numerous studies have been conducted to assess whether these pregnancies are associated with increased risks. Despite some conflicting results, most studies agree that pregnancies in this age group are considered high-risk, with an increased likelihood of obstetric complications, particularly preeclampsia, as well as maternal and neonatal complications. Most studies have compared patients over the age of 35 to younger patients. To our knowledge, few studies have specifically focused on the population of pregnant women aged 40 and above, and more precisely, sought to determine whether women aged 42 and older are at greater risk than those aged 40 or 41.
Methods. We therefore conducted a retrospective monocentric cohort study with an exposed/non-exposed design to determine whether patients aged 42 and above present a higher risk of preeclampsia compared to those aged 40–41. Other complications, such as gestational hypertension, gestational diabetes, and intrauterine fetal death, were also examined.
Results. A total of 633 patients were included in the study. 414 patients were aged 40–41 at the beginning of their pregnancy, and 219 patients were aged 42 and above. The overall prevalence of preeclampsia in our cohort was 6.79% (43 out of 633 pregnancies). The rate of preeclampsia was comparable between the two groups (RR 1.54 [0.82–2.88], p = 0.17). After univariate and multivariate analysis, being over 42 years old was not identified as a risk factor for preeclampsia in the studied population. In contrast, nulliparity, obesity, and a history of preeclampsia were found to be significant risk factors for preeclampsia in our cohort. Regarding other pregnancy complications as well as neonatal and maternal complications, only gestational hypertension and intrauterine fetal death showed significantly higher prevalence in the group of patients aged 42 and above compared to those aged 40–41.
Conclusion. In our study, patients aged 42 years and older did not appear to have an increased risk of preeclampsia compared to those aged 40 or 41. Their pregnancy monitoring may therefore be tailored on a case-by-case basis, depending on other associated risk factors.