Introduction : la loi dite Clayes Leonetti du 2 février 2016 a renforcé le dispositif des directives anticipées (DA) en les rendant contraignantes et a chargé les médecins généralistes (MG) de les promouvoir et de les recueillir. L’objectif de cette étude était d’explorer l’expérience des MG dans le recueil des DA.
Méthodes : il s’agissait d’une étude qualitative par entretiens individuels semi-dirigés de MG recrutés par réseaux de connaissance puis par recrutement séquentiel afin d’obtenir un échantillon varié. Le guide d’entretien abordait : l’expérience des MG, la relation MG-patients, les freins au recueil et implication des croyances du MG dans l’expérience du recueil. Les données ont fait l’objet d’une triangulation grâce à un double codage. L’analyse a été inductive selon une approche phénomeno-pragmatique.
Résultats : dix MG ont été interviewés. De manière consensuelle, l’abord des DA était considéré comme inhérent à la pratique des MG. Les DA consacraient la relation de confiance qui unit les MG à leurs patients. Néanmoins, l’abord des DA était rare. Le cadre législatif était décrit comme trop formel. Face à la méconnaissance des DA par les patients, les MG étaient en demande d’aide pour les informer. L’initiative de la discussion paraissait plus facile quand la fin de vie approchait. Pour les patients moins proches de la mort, l’initiative cristallisait toutes les difficultés. La peur de heurter était évoquée et le moment opportun difficile à identifier. Aucun MG n’avait mis en œuvre ses propres propositions visant à faciliter la discussion.
Conclusion : le recueil des DA suscite l’intérêt des MG. Leur investissement laisse apparaître un certain paradoxe et interroge sur de potentiels mécanismes défensifs. Les compétences communicationnelles et la connaissance des processus psychologiques à l’œuvre pourraient être des clés pour appréhender la problématique de l’initiative de la discussion.
Introduction : the so-called Clayes Leonetti law of February 2, 2016 strengthened the device of advance directives (AD) by making them binding and charged general practitioners (GP) to promote and collect them. The aim of this study was to understand GPs’ experience in the receiving of AD.
Method : this was a qualitative study conducted by semi-directed individual interviews of GPs. GPS were recruited by knowledge networks then by sequential recruitment in order to obtain a varied sample. The interview guide covered : GP’s experience, the doctor-patient relationship, the barriers to receive and involvement of GP beliefs in the collection experience. The data has been triangulated by double coding. The analysis was inductive according to a phenomeno-pragmatic approach.
Results : ten GP were interviewed. Consensually, the AD approach was considered inherent in the practice of GP. ADs dedicated the trusting relationship that united the MGs to their patients. Nevertheless, in practice, discussions about AD were uncommon. The legislative framework was described as too formal. Faced with poor patients knowledge of the ADs, the GPs were in need of help to inform their patients. The initiative of the discussion seemed easier when the end of life is approaching. In the case of a patient less close to death, this initiative was the key-point for GP. The fear of hitting the patient was often mentioned and the good-timing was difficult to identify. No GP had implemented their own-proposals to facilitate the AD discussion.
Conclusion : the collection of ADs arouses the interest of MGs based on their relationship of trust. Their investment reveals a certain paradox and questions about potential defense mechanisms. Communication skills and knowledge of psychological processes at work could be the key to understanding the issue of the initiative of the discussion.