Vécu des soignants en équipes mobiles psychiatrie précarité : étude qualitative sur la base d'entretiens en Rhône-Alpes et Pays de la Loire

TitreVécu des soignants en équipes mobiles psychiatrie précarité : étude qualitative sur la base d'entretiens en Rhône-Alpes et Pays de la Loire
TypeThèse d'exercice : Médecine
AuteursBacon Trystan
DirecteursGarnier François
Année2018
URLhttp://dune.univ-angers.fr/fichiers/20127274/2018MCEM9759/fichier/9759F.pdf
Mots-clésEMPP, Equipe mobile psychiatrie précarité, non recours, Précarité, psychiatrie, traumatisation vicariante
Résumé

Introduction : les équipes mobiles psychiatrie précarité (EMPP) sont dédiées à l’accès aux soins des personnes en situation de précarité ou d’exclusion sociale.

Objectif et Méthode : l’objectif de cette étude qualitative était d’explorer le vécu des soignants en EMPP sur la base de 16 entretiens individuels semi-dirigés dans les régions Pays de la Loire et Rhône-Alpes.

Résultats : les professionnels considéraient les personnes accompagnées dans toutes leurs dimensions de sujets. La demande de soins émergeait souvent à l’issue d’un travail patient de tissage artisanal du lien humain.
S’agissant d’une pratique « hors-les-murs », le cadre interne des soignants devait être pensé. Le réseau d’acteurs locaux était un moyen à part entière, qu’il convenait d’entretenir. Les temps d’échange permettaient une élaboration collective. Le cadre légal était respecté ; des règles injustes pouvaient cependant générer des comportements de subversion ou de résistance. La société s’accommodait du phénomène de « sans-abrisme » ; les travailleurs sociaux ne repéraient pas certaines maladies psychiatriques et toléraient des comportements violents : les personnes demeuraient à des places inappropriées. Des institutions pouvaient leur refuser une place légitime. L’hôpital pouvait perdre sa fonction asilaire ; le secteur public de psychiatrie sa fonction sociale et de référence soignante. Les soignants souhaitaient contribuer à une société plus tranquille dans laquelle chacun soit respecté. Ils décrivaient une ouverture d’esprit et une sensibilité accrue à l’injustice sociale. La recherche de sens dans le travail et un « militantisme » pouvaient être des palliatifs à la fatigue. Au contraire, certains refusaient tout militantisme au motif qu’il induirait de l’épuisement professionnel. La hiérarchie était peu marquée et les membres de l’équipe étaient autonomes et entretenaient des rapports de coopération. La pratique nécessitait un sens clinique aiguisé et une grande disponibilité. Elle variait par rapport aux théories apprises en formation initiale et aux standards des métiers. Des critiques portées par les collègues du secteur de psychiatrie incitaient les professionnels à se rassembler pour rompre leur isolement relatif et partager les savoirs. Ceci favorisait un sentiment d’identité professionnelle. Cette activité pouvait induire une précarité des soignants, par appropriation progressive des codes du public ou du fait de conditions d’emploi précaires. Les situations vécues par les professionnels faisaient écho à celles des personnes accompagnées. Ils éprouvaient des sentiments d’inutilité, de vide, de culpabilité ou d’impuissance.

Conclusion : le travail du lien humain est essentiel dans une optique de soin personnalisant. La traumatisation vicariante permet d’expliquer les effets des récits traumatiques sur les soignants. Les échanges au sein de l’équipe favorisent la réflexivité vicariante, la compréhension des situations et la prise de décisions collégiales. La méconnaissance réciproque des professionnels de la psychiatrie et du champ socio-éducatif peut entraver le travail interprofessionnel. La pratique des EMPP, innovante et parfois critiquée, incite les soignants à se réunir, favorisant l’émergence d’un sentiment d’appartenance et d’une identité professionnelle commune.

Résumé en anglais

Introduction : in France, the “équipes mobiles psychiatrie précarité” (EMPP) address the access to healthcare system for those in the precariat or those who suffers social exclusion. The question of this study was to explore representations and experiences of caregivers working in this mobile teams.

Methods : this qualitative study was based on 16 semi-directed individual interviews in two different french regions : Pays de la Loire and Rhône-Alpes. Data analysis was done using the grounded theory.

Results : the public was subject to disregard or rejection. Institutions such as hospital or jail could reject them. The members of the "EMPP" claimed a fair place for everyone. Thus, the action of these teams could have a political impact. Caregivers realized a job of weaving the human link between them and their patients. They considered, first of all, each patient as a singular person. The experience of caregivers, between impotence, fatigue and guilt, could echo that of their patients. Different teams met to discuss their innovative practices and federate around a new common professional identity.

Conclusion : working on the human link is essential in a perspective of personalizing care. Vicarious traumatization explains the effects of traumatic stories on caregivers. The exchanges within the team favor the vicarious reflexivity, the understanding of the situations and the collegial decision-making. The mutual misunderstanding of professionals in psychiatry and the socio-educational field can hinder interprofessional work. The practice of "EMPP", innovative and sometimes criticized, encourages caregivers to come together, fostering the emergence of a sense of belonging and a common professional identity.

Langue de rédactionFrançais
Nb pages139
Diplôme

Diplôme d'État de docteur en médecine

Date de soutenance2018-09-25
EditeurUniversité Angers
Place PublishedAngers
Libellé UFR

UFR médecine

Numéro national2018ANGE124M