Objectif : déterminer comment les employeurs percevaient l’intervention médicale auprès des salariés en situation de souffrance psychique liée au travail.
Méthode : une étude qualitative par entretiens individuels semi-dirigés a été menée entre Janvier et Novembre 2017. Chaque entretien a fait l’objet d’un double codage avant une analyse thématique de manière inductive au fil des entretiens.
Résultats : l’étude a porté sur 15 entretiens menés auprès d’employeurs ou de directeurs des ressources humaines d’entreprises employant de 5 à 900 salariés, localisées dans le Maine et Loire, la Sarthe et la Charente. Les critiques exprimées envers le corps médical ont été portées sur l’insuffisance des prises en charge et le sentiment de prise de parti du médecin contre l’employeur. Les employeurs ont été nombreux à aborder les conséquences, sur le fonctionnement de l’entreprise, des arrêts de travail et certains se sont interrogés sur l’évaluation, par le médecin généraliste, de la balance bénéfices/risques avant prescription. Certains employeurs déploraient leur non-accès aux informations couvertes par le secret médical et soulignaient l’isolement de chaque intervenant avec une insatisfaction du rôle de médiateur de la médecine du travail.
Conclusion : le défaut de communication reproché aux médecins semblait déresponsabiliser les employeurs de leurs rôles de prévention et de prise en charge des cas de souffrance psychique liée au travail. Cette étude pousse à s’interroger sur les possibilités de promotion des actions de préventions au sein des entreprises et sur les possibilités d’amélioration de la communication entre employeurs et salariés et entre professionnels.
Objective : to determine how employers perceived medical intervention among employees in situations of psychic suffering related to work.
Method : a qualitative study by semi-directed individual interviews was conducted between January and November 2017. Each interview was double coded before a thematic analysis inductively over the course of the interviews.
Results : the study covered 15 interviews conducted with employers or human ressources directors of companies employing 5 to 900 employees, located in Maine et Loire, Sarthe and Charente. The criticisms expressed towards the medical profession were focused on the insufficiency of the care and the feeling of party of the doctor against the employer. Many employers addressed the impact of work stoppages on business operations, and some questioned the general practitioner's assessment of the pre-prescription benefit / risk balance. Some employers regretted their lack of access to information covered by medical confidentiality and emphasized the isolation of each worker with dissatisfaction with the role of mediator of occupational medicine.
Conclusion : the lack of communication reproached to doctors seemed to disempower the employers of their roles of prevention and management of cases of psychic suffering related to work. This study raises the question of the possibilities of promoting preventive actions within companies and the possibilities of improving communication between employers and employees and between professionals.