Introduction : la rédaction du certificat de décès fait partie des actes réalisés par les médecins du SMUR (Structure Mobile d’Urgence et de Réanimation), avec un enjeu médico-légal important, mais complexe en préhospitalier du fait d’informations souvent incomplètes. La décision de poser un obstacle médico-légal (OML), conditionnant l’ouverture d’une enquête judiciaire, reste insuffisamment appliquée en France avec près de 30% de décès violents, suspects ou engageant une responsabilité éventuelle n’en bénéficiant pas, à tort selon les recommandations (multiples et non consensuelles). Cette inadéquation est souvent attribuée à un manque de formation sur le sujet.
Objectifs : évaluer l’adéquation aux recommandations des pratiques préhospitalières des urgentistes des SMUR du Maine-et-Loire concernant la pose d’OML, rechercher une corrélation avec une formation préalable ou l’expérience professionnelle, et analyser les facteurs influençant cette décision.
Matériels et méthodes : une étude multicentrique, prospective, observationnelle et descriptive des pratiques professionnelles a été menée du 10 avril au 31 juillet 2025 aux SMUR d’Angers, Cholet et Saumur, à partir de formulaires de recueil d’informations complétés après chaque intervention aboutissant à un décès. Sur les 122 décès recensés, 65 cas ont été inclus et confrontés à une liste d’indications d’OML, élaborée à partir des recommandations existantes.
Résultats : parmi les 65 dossiers, 25 OML ont été posés alors que 33 décès en nécessitaient un. Le taux d’adéquation aux recommandations était de 76% (n=25/33). Ni la formation préalable en médecine légale (p=0,687), ni l’expérience professionnelle (p=0,883) n’étaient associées à une meilleure adéquation. L’OML était plus fréquent chez les patients jeunes (p=0,003), autonomes (p=0,009), sans antécédent (p=0,041) ou avec antécédents psychiatriques et addictologiques (p<0,001), et moins fréquent en cas d’antécédents cardiovasculaires (p<0,001).
Conclusion : cette étude retrouve un taux d’adéquation aux recommandations de 76%, comparable à la littérature, mais traduisant près d’un quart de décès violents, suspects ou engageant une responsabilité éventuelle non signalés. Les facteurs influençant la décision d’OML concordent avec les études précédentes. L’absence d’impact d’une formation médico-légale préalable ou de l’expérience professionnelle sur le taux d’adéquation souligne la nécessité de mise en place d’outils d’aide à la prise de décision standardisés, pratiques et adaptés au terrain préhospitalier.
Introduction : completing deaths certificates is among the tasks performed by emergency physicians in the French Mobile Emergency and Resuscitation Service (SMUR). This process carries significant forensic implications but is particularly challenging in the prehospital setting due to often incomplete information. The decision to impose a forensic hold on burial (OML), which determines whether a judicial investigation is initiated, remains insufficiently applied in France, with nearly 30% of violent, suspicious or potentially liability-related deaths not triggering a forensic hold on burial, contrary to existing recommendations (which are multiple and non-consensual). This inadequacy is often attributed to insufficient training on this subject.
Objectives : to evaluate the adherence of prehospital physicians in Maine-et-Loire to current recommendations regarding forensic hold on burial, to investigate possible correlation with prior forensic training or professional experience, and analyze factors influencing this decision.
Materials and methods : a multicenter, prospective, observational and descriptive study of professional practices was conducted from April 10th to July 31st of 2025 across the SMUR units of Angers, Cholet and Saumur. Data were collected via forms completed after each intervention resulting in death. Out of 122 recorded deaths, 65 cases were included and compared with a list of OML indications, compiled from the various existing recommendations.
Results : among the 65 cases, 25 forensic holds on burial were issued, while 33 deaths warranted one. Adherence to recommendations was 76% (n=25/33). Neither prior forensic training (p=0,687) nor professional experience (p=0,883) were associated with higher adherence. Forensic holds were more frequently applied to younger (p=0,003), autonomous patients (p=0,009) without prior medical history (p=0,041) or with psychiatric and addictive histories (p<0,001), and less frequently to patients with cardiovascular histories (p<0,001).
Conclusion : this study found a 76% adherence rate, consistent with the literature, but indicating that nearly one-quarter of violent, suspicious or potentially liability-related deaths were not reported. Factors influencing the decision to impose a forensic hold align with previous studies. The lack of impact from prior forensic training or professional experience underscores the need for standardized and practical decision-support tools adapted to the prehospital setting.