Cette thèse porte sur la question de l'accès du public marocain aux musées, en se concentrant spécifiquement sur le cas du Musée Berbère Majorelle à Marrakech. Cette étude fait partie d'une analyse plus vaste concernant la médiation culturelle, l'accessibilité à la culture et la mise en valeur du patrimoine. Elle cherche à élucider pourquoi, malgré leur grande valeur historique et artistique, les musées marocains restent sous-visités par les habitants, alors qu'ils attirent principalement une clientèle étrangère. Dans une première section, nous avons retracé l'évolution des musées au Maroc depuis l'ère coloniale jusqu'à nos jours, dans le but de comprendre les racines de leur établissement et comment cet héritage colonial façonne toujours et la façon dont ils sont perçus par la société marocaine. Nous avons aussi examiné les divers aspects de l'accessibilité culturelle — physique, économique, cognitive et numérique — tout comme les entraves qui restreignent la participation du public. L'étude des théories de Pierre Bourdieu concernant les capitaux économique, social et culturel nous a éclairés sur la façon dont les disparités sociales influencent les comportements culturels et entravent la visite des musées. D'un point de vue méthodologique, cette recherche s'appuie sur une démarche qualitative basée sur des interviews semi-structurées réalisées avec des visiteurs. Les données indiquent que la plupart des personnes qui visitent le musée sont d'origine étrangère, tandis que la participation de la population locale est faible, généralement en raison d'un manque de sensibilisation, d'éducation artistique et de ressources financières. En outre, la médiation culturelle, qui est encore faiblement implantée au Maroc, reste un outil crucial pour favoriser l’appropriation du patrimoine par les citoyens. Ce travail de recherche souligne l'importance d'une politique culturelle nationale plus ouverte et inclusive, axée sur l'éducation, la médiation et l'engagement citoyen. Au-delà d'être un simple site d'exposition, le musée se doit de se transformer en un lieu dynamique d'éducation, de discussion et de partage d'identité collective, ouvert à tous les Marocains sans distinction de classe ou de statut économique.
In this thesis, the Berber Museum of Majorelle in Marrakech serves as a case study to examine the problem of public access to Moroccan museums. Within the context of cultural mediation and communication, this study aims to explain why Moroccan museums continue to get a large number of international visitors while local participation is still low, despite their rich artistic and historical legacy. In order to examine how colonial legacies have influenced Moroccans' perceptions and usage of museums, the first section of the study retraces the historical development of museums in Morocco from the colonial era to the present. The study then looks at the barriers to equal involvement in cultural life as well as the four primary aspects of cultural accessibility: digital, cognitive, economic, and physical. The study illustrates how socioeconomic inequality and a lack of art education lead to unequal access to culture by drawing on Pierre Bourdieu's theory of social, cultural, and economic capital. The study employs a qualitative methodology, utilizing semi-structured interviews with mediators, cultural professionals, and museum visitors. The results show that foreigners make up the majority of visitors to the Majorelle Berber Museum, whereas Moroccan nationals frequently encounter obstacles including ignorance, a lack of funds, and inadequate cultural mediation initiatives. In order to close the gap between local communities and museums, the study highlights the importance of cultural mediation. In the end, our work emphasizes how urgently Morocco needs a more inclusive cultural policy that incorporates art education, fortifies mediation techniques, and encourages individuals to interact with their cultural heritage. Museums ought to be seen as living venues for education, discussion, and identity development that are open and available to everyone in society, rather than only as places for exhibitions.