Contexte L’épilepsie à début tardif (LOE) constitue un problème de santé publique croissant mais ses étiologies demeurent incomplètement comprises. Le syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS) a été suggéré comme un facteur de risque, en particulier via l’hypoxémie nocturne, mais les données restent limitées.
Objectifs Nous avons cherché à évaluer l’association entre différents marqueurs de sévérité du SAHOS incluant l’index apnées–hypopnées (IAH), la charge hypoxique (HB), le temps passé avec une saturation en oxygène <90 % (T90) et l’indice de baisse d’amplitude de l’onde pulsée (PWADi) et le risque de développer une LOE incidente dans une large cohorte en vie réelle de patients explorés pour suspicion de SAOS.
Méthodes Nous avons analysé les données de la cohorte du sommeil des Pays de la Loire, couplées à la base nationale de données de santé. Les patients âgés de ≥60 ans ayant bénéficié d’une polysomnographie ou d’une polygraphie ventilatoire à domicile entre 2007 et 2019 ont été inclus. Les cas incidents de LOE ont été identifiés à partir des codes CIM-10, de l’ALD, ou de l’association d’un EEG et d’une prescription de traitements anti-crises. L’association entre les marqueurs du SAOS et la LOE ont été évaluées par des modèles de Cox et de Fine–Gray en risques compétitifs, ajustés sur des covariables démographiques, cardiovasculaires et cognitives. Une analyse transversale complémentaire a examiné les cas prévalents d’épilepsie au moment de l’inclusion.
Résultats Parmi 2 719 patients, 63 (2,4 %) ont développé une LOE incidente au cours d’un suivi médian de 7,5 ans. Aucune association significative n’a été observée entre la LOE et l’IAH, la charge hypoxique, le T90 ou le PWADi. Le seul facteur prédictif indépendant identifié était un risque accru de dépression, évalué par le score de Pichot (HR = 1,119 ; IC95 % : 1,034–1,211 ; p = 0,007). Dans les analyses transversales, l’épilepsie prévalente était associée à un indice PWADi plus bas et à des scores de Pichot plus élevés.
Conclusions Dans cette cohorte prospective, les marqueurs de sévérité du SAHOS n’étaient pas associés au risque de développer une LOE incidente. Les symptômes dépressifs apparaissent comme des facteurs de risque, justifiant d’approfondir l’étude des mécanismes partagés entre troubles de l’humeur et épilepsie chez les sujets âgés.
Background Late-onset epilepsy (LOE) is a growing public health concern in aging populations, but its etiologies remain incompletely understood. Obstructive sleep apnea (OSA) has been suggested as a potential risk factor, particularly through nocturnal hypoxemia, yet longitudinal evidence is scarce.
Objectives We aimed to assess the association between OSA severity markers—including apnea–hypopnea index (AHI), hypoxic burden (HB), time spent with oxygen saturation <90% (T90), and pulse wave amplitude drops index (PWADi)—and the risk of incident LOE in a large real-world cohort of patients investigated for suspected OSA.
Methods We analyzed data from the French Pays de la Loire Sleep Cohort linked with the national health database. Patients aged ≥60 years undergoing polysomnography or home sleep apnea testing between 2007 and 2019 were included. Incident LOE was identified using ICD-10 codes, long-term disease status, or combined electroencephalography and antiseizure medication prescription. Associations between OSA markers and LOE were assessed with Cox and Fine–Gray competing risk models, adjusted for demographic, cardiovascular, and cognitive covariates. A complementary cross-sectional analysis examined prevalent epilepsy cases at baseline.
Results Among 2,719 patients, 63 (2.4%) developed incident LOE during a median follow-up of 7.5 years. No significant associations were observed between LOE and AHI, HB, T90, or PWADi. The only independent predictor was higher risk of depression assessed by the Pichot score (HR = 1.119; 95% CI: 1.034 1.211; p = 0.007). In cross-sectional analyses, prevalent epilepsy was associated with lower PWADi index and higher Pichot scores.
Conclusions In this prospective cohort, OSA severity markers were not associated with the risk of incident LOE. Depressive symptoms emerged as potential contributors, warranting further investigation into shared mechanisms between mood disorders and epilepsy in older adults.