Identification d'une signature métabolique liée à l'intoxication au gaz hilarant (protoxyde d'azote)

Le protoxyde d’azote (N2O) est un gaz utilisé en médecine pour ses propriétés anesthésiques et analgésiques et dans l’industrie comme gaz comburant ou propulseur. Ce gaz est également disponible pour un usage alimentaire à la vente en libre-service. Depuis quelques années, son utilisation est de plus en plus détournée pour un usage récréatif. Le nombre de cas d’intoxication a augmenté de 320 % entre 2020 et 2021, soulignant un problème majeur de santé publique. Le protoxyde d’azote provoque des effets à court terme (euphorie, désorientation) et à long terme (troubles neurologiques, thromboses). Cette étude avait pour but d’identifier de nouvelles signatures métaboliques liées à l’intoxication de ce gaz. Pour cela une étude métabolomique ciblée a été réalisée sur une cohorte de patients en évaluant leur concentration en acides aminés par LC-MS/MS. Ces dosages ont été comparés selon la gravité clinique (score de Romberg) des patients mais également selon un groupe témoin (patient non-consommateurs). Les résultats obtenus ont montré qu’il y avait une différence significative des profils d’acides aminés entre les patients consommateurs et les patients non-consommateurs. La méthionine et la cystine avaient des concentrations significativement inférieures chez les patients consommateurs et la sérine était significativement supérieure par rapport aux patients « non-consommateurs ». Concernant la gravité clinique, les patients ayant une forte atteinte proprioceptive ont montré des concentrations en proline, alanine et thréonine significativement supérieures par rapport aux autres groupes. Ces résultats donnent des perspectives intéressantes sur de nouvelles voies impactées. Une diminution de la cystéine et une augmentation de la sérine pourrait entrainer un impact sur les défenses antioxydantes. L’augmentation de la proline pourrait être le reflet d’un stress oxydant. La diminution de la méthionine est conforme aux résultats précédemment rapportés dans la littérature. Cependant ces résultats restent à nuancer du au faible effectif de patients ayant une forte atteinte proprioceptive.