CONTEXTE : prendre en compte la santé des soignants est un axe de la certification périodique. Au-delà de leur bénéfice propre, le bien-être des médecins généralistes est important pour la pérennité et qualité du système de soins. Ce travail s’intéresse à des composantes spécifiques de leur qualité de vie : leurs conditions de travail et leur façon de se soigner.
MÉTHODES : étude quantitative transversale, via un auto-questionnaire de 39 questions, diffusé aux médecins généralistes français inscrits dans la base du Collège de la Médecine Générale, durant le premier trimestre 2022. Des analyses descriptives et en sous-groupe ont été réalisées.
RÉSULTATS : 508 questionnaires ont été analysés, soit un taux de réponse de 13,9%. Les répondants étaient majoritairement des femmes (60%) et jeunes médecins (46% avaient moins de 40 ans), exerçant de façon groupée (81%) et libérale exclusive (77%). 2/3 d’entre eux étaient Maîtres de Stage Universitaires. Le temps de soins hebdomadaire moyen était de 39,2 heures, moindre chez les jeunes et les salariés. 36% des répondants disposaient d’un médecin traitant tiers, surtout les femmes (p=0,046), jeunes médecins (p<0,001) et ceux ayant un temps de travail soignant moindre (p=0,028). Ils le consultaient rarement ; en cas de besoin, ils privilégiaient le soutien social, mais aussi les médicaments (pour 16% d’entre eux). L’auto-évaluation du bien-être professionnel (6,6/10) et de la santé globale (7,4/10) étaient liées entre elles (p<0.001). La diminution du temps de travail soignant était corrélée à leur amélioration (p<0,001). Le travail en groupe était lié à une meilleure santé perçue (p=0,02). 79% des médecins avaient repéré au moins un confrère en difficulté.
CONCLUSION : le temps de travail, quoiqu’inférieur ici aux données d’autres travaux, restait la principale variable liée au bien-être professionnel et à la santé globale des médecins généralistes. La déclaration d’un médecin traitant tiers, de moins en moins rare, n’avait pas de lien avec la santé perçue, peut-être à cause de la rareté des consultations médicales. Garder cette distinction à l’esprit permettra d’envisager des solutions adaptées pour améliorer le soin aux médecins généralistes.
BACKGROUND : taking the caregivers’ health into account is a key point of the periodic certification. Besides the benefit for themselves, general practitioners’ well-being is crucial to the healthcare system quality and sustainability. This study focuses on specific components of this population’s quality of life, namely their practice condition and health management.
METHODS : transversal, quantitative study, through a self-administered survey of 39 questions, mailed to the French general practitioners registered in the Collège de la Médecine Générale database, during 2022’s first trimester. Descriptive and subgroups analysis were conducted.
RESULTS : 508 questionnaires were analysed, which is a participation rate of 13,9%. The respondents were mainly women (60%) and young physicians (46% were less than 40 years old), working in group (81%), with exclusive private practice (77%). Two-thirds of them were involved in the clinical training of medical students. The average amount of caregiving time was 39,2h per week, and was lower for young and salaried physicians. 36% of the respondents declared another treating doctor. It was more frequent for women (p=0.046), young doctors (p<0.001), and those with a shorter caregiving time (p=0.028). They hardly consulted them; when needed, they relied on social support, but also on medicines (for 16% of them). Self-assessed professional well-being (6,6/10) and global health (7,4/10) were closely connected with each other (p<0.001). Decrease of the caregiving time was linked to their enhancement (p<0.001). Working in group was linked to a better health (p=0.02). 79% of the general practitioners have identified at least one peer in need.
CONCLUSION : worktime, while lower than those reported in the literature, was still the main variable linked to the general practitioners’ professional well-being and health. The declaration of an independent treating doctor, although less and less rare, wasn’t linked with the perceived health status, maybe because of the scarcity of medical consultations. Keeping that in mind will allow the elaboration of appropriate measures to enhance the care given to general practitioners.