Contexte : la maltraitance des enfants constitue un grave problème de santé publique. Nous estimons que la maltraitance des enfants représente 10 % dans les pays à revenu élevé. La récente situation pandémique de Covid 19 et les confinements qu’elle a générés ont accru la prévalence de la violence familiale et affecté la santé mentale des enfants. La littérature montre que seulement 5 % environ des déclarations de maltraitance sur enfants proviennent du milieu médical en France. En France, les études publiées sur le dépistage de la maltraitance des enfants à l'hôpital sont très rares, les études sur le dépistage de la maltraitance des enfants par les médecins généralistes sont plus nombreuses.
Objectif : la littérature en France sur la détection de la maltraitance des enfants à l'hôpital est assez rare, nous avons donc décidé de réaliser cette étude pour évaluer les facteurs limitants du dépistage de la maltraitance des enfants en milieu hospitalier et améliorer nos connaissances à ce sujet.
Méthodes : il s’agit d’une étude quantitative descriptive transversale. Nous avons élaboré une enquête basée sur la littérature associée (PubMed et Internet) avec 24 questions fermées, que nous avons diffusées dans les différents services de pédiatrie du CHU d'Angers dont : le service de chirurgie et médecine des adolescents, le service de chirurgie et médecine des enfants, le service de pédiatrie. Urgences, pédopsychiatrie et neurologie pédiatrique. Cette enquête était destinée à tous les soignants.
Résultats : 64 questionnaires ont été collectées (auprès de médecins, infirmières, puéricultrices, assistantes puéricultrices). 47% des sujets ont déclaré n'avoir reçu aucune formation pour le dépistage de la maltraitance des enfants. 90% des sujets ont déclaré qu'ils estimaient ne pas être suffisamment formés pour ce dépistage. 97% des sujets souhaiteraient davantage de formation pour le dépistage de la maltraitance des enfants. Seulement 68 % des personnes interrogées avaient confiance dans le système actuel de protection de l’enfance. 81% des sujets déclaraient qu'ils seraient plus disposés à dépister la maltraitance des enfants si davantage d'informations étaient transmises après rédaction d'une déclaration. Plus de 50 % des sujets craignaient les impacts sur les familles après la maltraitance signalée sur les enfants, et près de 40 % craignaient les impacts sur les soins futurs des enfants hospitalisés. Plus de 80% ne participaient pas au signalement des maltraitances sur enfants. Ces différents résultats sont en accord avec les études précédentes sur le dépistage de la maltraitance des enfants dans les hôpitaux de différents pays. Nous avons également comparé les résultats selon les différentes caractéristiques socio-démographiques.
Conclusions/implications pour la pratique : le manque de temps et de formation semblent être les deux principaux facteurs limitants pour le dépistage de la maltraitance des enfants. Par ailleurs, il semble que les soignants souhaitent bénéficier d’une formation à l’identification de la maltraitance des enfants. Il semble également qu'une meilleure communication entre les services de pédiatrie et le système de protection de l'enfance améliorerait le dépistage des maltraitances envers les enfants à l'hôpital. Les soignants semblent craindre les conséquences d'une déclaration de maltraitance sur la famille et sur la prise en charge future des enfants hospitalisés.
Background : child abuse is a serious public health problem. We estimate child abuse to be 10% in high income countries. The recent Covid 19 pandemic situation and the confinements that it generated increased the prevalence of family violence and affected children’s mental health. The literature shows that only about 5% of the declaration of child abuse comes from the medical environment in France. In France, published studies about the detection of child abuse at the hospital are very rare, there are more studies about the screening of child abuse from general practicioners.
Purpose : the literature in France about the detection of child abuse at the hospital is quite rare so we decided to do this study to assess the limiting factors of the screening of child abuse in the hospital environment and improve our knowledge about it.
Methods : this is a cross-sectional descriptive quantitative study. We elaborated a survey based on the related literature (PubMed and Internet) with 24 closed questions, that we distributed in the different pediatric wards of Angers’ University Hospital including: the teenagers’ surgery and medical ward, the children’s surgery and medical ward, Pediatric Emergencies, Child Psychiatry and Pediatric Neurology. This survey was intended for all caregivers.
Results : 64 completed surveys were collected (from doctors, nurses, childcare nurses, childcare assistants). 47% of the subjects declared having not received any training for the screening of child abuse. 90% of the subjects declared that they felt they were not trained enough for this screening. 97% of the subjects would like more training for the screening of child abuse. Only 68% of respondents have trust in the current child protection system. 81% of the subjects declare they would be more willing to screen child abuse if more information was transferred to the pediatric wards after the redaction of a declaration. More than 50% of the subjects fear the impacts on families after the reported child abuse, and nearly 40% fear the impacts on the future care of the hospitalised children. More than 80% don’t participate to the reporting of child abuse. These different results are in agreement with the previous studies about screening of child abuse in hospitals in different countries. We also compared the results according to the different socio-demographic characteristics.
Conclusions/implications for practice : the lack of time and of education for screening child abuse seem to be the two main limiting factors for the screening of child abuse. Furthermore, it seems that caregivers want to benefit from child abuse identification training. It also seems that a better communication between the pediatric wards and the child protection system would improve the screening of child abuse at the hospital. Caregivers seem to be afraid of the consequences of a declaration of child abuse for the family and on the future care of the hospitalised children.