Objectif : évaluer la réticence des jeunes médecins à endosser la responsabilité d'une patientèle.
Matériel et méthode : étude qualitative auprès de 12 internes en fin de cursus par des entretiens semi-dirigés qui explorent leurs représentations sur l'engagement et la responsabilité du médecin généraliste installé à travers l'évocation de leur vécu personnel.
Résultat : l'étude a permis de mettre en évidence une tendance au report systématique de la responsabilité qui témoigne d’une certaine immaturité des internes. Pour eux l’installation s’apparente même à un véritable passage à l’âge adulte. L’accession à une maturité tardive des jeunes médecins est constitutive de leur génération mais est probablement amplifiée par l’errance géographique induite par l’internat de médecine générale. Par ailleurs, l’étude a permis de révéler un paradoxe entre les exigences des internes concernant leurs futures conditions de travail, et leur difficulté à se projeter dans le futur et à prendre en main leur propre installation, difficulté caractéristique de cette « génération Y » connectée, qui vit dans l’immédiateté. En revanche, les internes conservent une vision noble de l'engagement que représente l'installation en médecine générale, malgré la récurrence d'une notion de burn-out souvent entretenue par les médecins formateurs.
Conclusion : la formation doit permettre aux internes d'accéder plus tôt à l'entière responsabilité d'une patientèle et tenter de favoriser une stabilisation plus précoce de leur situation personnelle afin de favoriser un passage à l'age adulte, garant d'un engagement perenne du médecin envers sa patientèle.