Impact de l’antibiothérapie probabiliste chez les patients atteints d’une forme grave de pneumopathie COVID-19

TitreImpact de l’antibiothérapie probabiliste chez les patients atteints d’une forme grave de pneumopathie COVID-19
TypeThèse d'exercice : Médecine
AuteursOhler-leonetti Camille
DirecteursDarreau Cédric
Année2023
URLhttps://dune.univ-angers.fr/fichiers/19013309/2023ODEAR16267/fichier/16267F.pdf
Mots-clésantibiothérapie probabiliste, cohorte rétrospective, Covid-19, Réanimation
Résumé

Introduction : chez les patients hospitalisés en réanimation pour une pneumopathie à SARS COV 2, il est difficile d’infirmer la présence d’une co-infection bactérienne sur les données initiales, bien que les études semblent montrer un taux de co-infection assez faible chez ces patients. Devant la gravité de la défaillance respiratoire initiale, il est donc souvent instauré une antibiothérapie préemptive. Le but de cette étude est d’évaluer les pratiques concernant cette antibiothérapie préemptive ainsi que son impact éventuel sur la mortalité et la durée de ventilation mécanique.

Méthodes : il s’agit d’une étude ancillaire de la cohorte rétrospective « COCOV IRL », intéressant 13 réanimations de l’ouest de la France. Tous les patients majeurs admis dans ces services pour une forme grave de Covid ont été inclus. Deux groupes ont été constitués : les patients ayant reçu une antibiothérapie à l’admission ou dans les 48h suivant l’admission en réanimation ; et ceux n’en ayant pas reçu. Le critère de jugement principal était la mortalité à J28. Les critères de jugement secondaires comprenaient le critère composite intubation ou mortalité à J28 et le nombre de jours vivant sans ventilation mécanique à J28.

Résultats : 1055 patients ont pu être inclus entre le 1er février 2020 et le 31 décembre 2020. 855 (81%) ont reçu une antibiothérapie probabiliste, 200 n’en ont pas reçu. Les patients du groupe « antibiotique » étaient significativement plus grave à l’admission (IGSII moyen 35 vs 30, p<0,001). En analyse multivariée, les facteurs associés à la mortalité à J28 étaient l’âge et un score IGSII plus élevés. Il n’est pas retrouvé d’association entre l’antibiothérapie probabiliste et la mortalité à J28 ((HR=0,78 [0,41 ; 1,47] p=0,4). Après ajustement sur les facteurs confondants, l’absence d’antibiothérapie probabiliste était associée à un nombre plus élevé de jours sans ventilation (=2,8 [0,7 ; 4,9], p = 0,009), et une réduction du taux d’intubation ou de décès à J28 (HR 0,62 [0,45 ; 0,84], p = 0,003).

Discussion : dans notre étude, l’administration d’une antibiothérapie probabiliste chez les patients admis en réanimation pour pneumopathie grave à SARS-CoV-2 n’était pas associée à la mortalité. Cependant, l’absence d’antibiothérapie préemptive était associée à un nombre de jour plus élevé sans ventilation et à une diminution du taux d’intubation ou décès à J28. Ces résultats n’établissent pas un lien de causalité, mais ouvrent la discussion sur la réelle nécessité d’une antibiothérapie probabiliste chez ces patients.

Résumé en anglais

Introduction : most patients admitted in ICU for a severe COVID-19 pneumonia received an early empirical antibiotic therapy. This is explained by the severity at presentation and high rate of bacterial co-infection in other viral infections. In fact, the rate of bacterial co-infection seems to be very low, under 10% of cases. We aim to evaluate the impact of an early empiric antibiotic therapy for patients admitted in ICU with severe SARS CoV-2 pneumonia.

Methods : our study is an ancillary analysis of the retrospective cohort “COCOV IRL”, conducted in 13 ICU in France to assess the impact of corticosteroids. All adult patients admitted between February 1 and December 31, 2021, for severe COVID-19 were included. Two groups have been created: patients who received an empiric antibiotic therapy between admission and day 2, and those who did not. The primary outcome was death at day 28. Secondary outcomes included intubation or death at day 28 and the number of ventilator free days at day 28. Univariate and multivariate analysis were conducted including age, comorbidities, severity at presentation, corticosteroids administration, ventilatory support and center effect as co-factors.

Results : one thousand and fifty-five patients were included, 855 (81%) received antibiotic therapy and 200(20%) did not. Patients who received an antibiotic therapy were more severe with higher IGS2 score at admission (3513,2 vs 3012,7, p<0,001). In a multivariate analysis, factors associated with death at day 28 were older age and higher IGS2 score. There was no association between early antibiotic therapy and mortality at day 28 (HR=0,78 [0,41; 1,47] p=0,4). After adjustment on confounding factors, the absence of early empiric antibiotic therapy was associated with an increase of ventilator free days at day 28 (=2,8 [0,7; 4,9], p = 0,009), and a risk reduction of intubation or death at day 28 (HR 0,62 [0,45; 0,84], p = 0,003).

Discussion and conclusion : in our study, early empiric antibiotic therapy in severe SARS-CoV-2 pneumonia was not associated with day 28 mortality. Nevertheless, absence of early empiric antibiotic therapy was associated with more ventilator free days and less intubation or death at day 28. Our results do not establish a causal link but open a discussion about the real impact of an early empiric antibiotic therapy in severe SARS-CoV-2 pneumonia.

Langue de rédactionFrançais
Nb pages46
Diplôme

Diplôme d'État de docteur en médecine

Date de soutenance2023-05-05
EditeurUniversité Angers
Place PublishedAngers
Libellé UFR

UFR Médecine

Numéro national2023ANGE047M