Introduction : le recours à la contention mécanique est une préoccupation essentielle en psychiatrie de l’adulte et en psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent. Objet de controverse, elle nourrit des fantasmes et interroge le soignant tant sur le plan de la thérapeutique que sur celui de l’éthique. Cependant, le vécu des soignants face à cette pratique n’est que très rarement exploré dans la littérature scientifique. Il importe de s’intéresser à celui-ci afin d’interroger les modalités de prises en charge et ainsi envisager d’éventuelles perspectives d’amélioration. Méthodes : Il s’agit d’une étude épidémiologique descriptive transversale. La population visée sont les soignants de 4 services d’hospitalisation complète de pédopsychiatrie s’étalant sur 3 départements et 3 établissements de soins différents. Le recueil des données s’est effectué par l’intermédiaire d’un questionnaire anonyme.
Résultats : nous avons obtenu 39 réponses. L’étude indique que les situations de mise sous contention mécanique sont des expériences émotionnellement intenses et particulièrement riches. Le vécu des soignants vis-à-vis de ces situations est d’appréciation négative. Cependant, cet usage, malgré sa connotation négative, reste perçu comme nécessaire. La contention mécanique est considérée conjointement comme acte sécuritaire et acte thérapeutique par les soignants.
Conclusion : la contention mécanique est une expérience péniblement vécue par les soignants qui reste nécessaire. Elle semble venir en réponse à la place de soins alternatifs. Elle serait la conséquence d’un défaut de moyen humain et d’un manque de formation, révélateur de l’état souffrance du système de soins français. Si l’utilisation de la contention mécanique dans notre système de santé actuelle reste encore une réalité elle ne doit pas être un tabou. Les situations où il a été nécessaire d’attacher un enfant devraient être l’occasion de réflexion d’équipe.
Introduction : the use of mechanical restraint is a central concern in adult psychiatry and in child and adolescent psychiatry. Subject to controversy, the caregiver is questioned on his practice and from an ethical standpoint. However, the point of view of the caregiver using these methods is only rarely explored in the scientific literature. It is important to take an interest in caregivers' experience of mechanical restraint in child psychiatry to question the methods of care and thus consider possible prospects for improvement.
Method : this is a cross-sectional descriptive epidemiological study. The target population are the caregivers of 4 child psychiatric hospitalization services spread over 3 departments and 3 different care establishments. Data collection was done through an anonymous questionary.
Results : our questionary was answered 39 times. The study indicates that mechanical restraint situations are emotionally intense and particularly rich experiences. The experience of caregivers is generally negative. However, this use, despite its negative connotation, is still perceived as necessary. Mechanical restraint is considered jointly as a safe act and a therapeutic act by caregivers.
Conclusion : mechanical restraint is a painful experience for caregivers that remains necessary. It seems to come in response instead of alternative care. It would be the consequence of a lack of human resources and a lack of training, revealing the suffering state of the French healthcare system. If the use of mechanical restraint in our current health system is still a reality, it should not be a taboo. Situations where it has been necessary to attach a child should be the occasion for a team reflexion.