Introduction : les gens du voyage (GDV) sont liés par leur culture et un mode de vie traditionnellement fondé sur la vie communautaire et la mobilité. Les données épidémiologiques concernant leur santé montrent une forte prévalence des maladies cardio-vasculaires. Ces pathologies sont multifactorielles, mais l’un des facteurs favorisants serait l’alimentation.
Objectif : l’objectif de cette étude était d’explorer les représentations et habitudes alimentaires des gens du voyage, pour mieux connaître leur fonctionnement, ainsi adapter les messages de prévention.
Matériels et Méthodes : étude qualitative par entretiens semi-dirigés individuels, auprès de GDV âgés de plus de 18 ans dans les départements de Maine-et-Loire et Mayenne. Les participants ont été recrutés avec l’aide des membres des associations AMAV53 et Voyageur 49-Abri de la Providence. Les entretiens se déroulaient sur les lieux de vie des personnes interrogées. Analyse des données retranscrites selon une approche inductive, inspirée de la théorisation ancrée avec triangulation.
Résultats : quatorze entretiens ont été réalisés entre mars et décembre 2020. Les GDV organisaient leurs courses et leurs repas selon un fonctionnement clanique et traditionnel, structurant leur cadre de vie. Les notions de plaisir et de culture du bien manger, sous-entendant « manger riche et en quantité » étaient retrouvées. Mais la volonté de prendre soin de soi, de sa santé et des autres émergeait, les interrogés ayant conscience des efforts à fournir. Les participants réfléchissaient à la possibilité de modification de leurs habitudes alimentaires.
Discussion et conclusion : les GDV partageaient des habitudes alimentaires augmentant le risque cardiovasculaire, en lien avec leurs représentations de la « bonne santé ». Des résistances fortes aux changements alimentaires étaient observées, liées à leur fonctionnement sociétal et culturel. Pour être efficaces, les stratégies de prévention doivent prendre en compte leurs données psychosociales. Elles peuvent être diffusées par exemple lors d’ateliers nutrition collectifs sur les terrains via un médiateur en santé en contact direct avec les populations.
Introduction : travelers are linked by their culture and a way of life traditionally based on community life and mobility. Epidemiological data concerning their health shows a high prevalence of cardiovascular diseases. These pathologies are multifactorial, but one of the contributing factors is diet.
Objective : the objective of this study was to explore the representations and eating habits of Travelers, in order to better understand how they live, and thus, adapt prevention messages.
Materials and methods : qualitative study using individual semi-directed interviews with Travelers aged over 18 in the Maine-et-Loire and Mayenne departments. Participants were recruited with the help of members of the associations AMAV53 and Voyageur 49-Abri de la Providence. The interviews took place at the places where the interviewees lived. Analysis of the transcribed data using an inductive approach inspired by grounded theory with triangulation.
Results : fourteen interviews were conducted between March and December 2020. Travelers organized their shopping and their meals according to a clan-like and traditional functioning, structuring their living environment. The notions of pleasure and the culture of eating well, implied "eating fat and in quantity" were rediscovered. But the wish to take care of oneself, of one's health and of others emerged, as respondents were aware of the efforts to be made. Participants were thinking about the possibility of changing their eating habits.
Discussion and conclusion : travelers shared eating habits that increased cardiovascular risk, in connection with their representations of "good health". Strong resistance to dietary changes was observed, linked to their societal and cultural functioning. To be effective, prevention strategies must take into account their psychosocial data. They can be disseminated, for example, during collective nutrition workshops in the field via health mediators in direct contact with the population.