Les "vrais hommes" ne mangent pas toujours de viande

TitreLes "vrais hommes" ne mangent pas toujours de viande
TypeMémoire de Master
AuteursVeillard Nolwenn
DirecteursBugnon Fanny, Lechaux Bleuwenn
Année2020
URLhttp://dune.univ-angers.fr/fichiers/18009088/2020HMEG12699/fichier/12699F.pdf
Mots-clésantispécisme, chasse, domination masculine, engagement, ethnographie, Genre, Militantisme, sexisme, véganisme, viande, virilité
Date de soutenance2020-12-09
Résumé

Ce travail de recherche soulève la question de la structuration des rapports sociaux de sexe dans un mouvement qui prône une éthique chevillée à un idéal d’antisexisme. La récente émergence et la fragile légitimité du mouvement antispéciste parmi les autres « luttes progressistes » ne sont pas sans conséquence sur la forme que revêtent les rapports sociaux de sexe, et ce d’autant plus qu’une des exigences de cet engagement réside dans l’adoption d’un régime alimentaire exempt de chair animale. Parce qu’ils font face à un processus de dévirilisation symbolique, les hommes qui renoncent à consommer des animaux sont mis à distance du modèle de la masculinité hégémonique. Outre la condamnation du modèle archaïque associé aux chasseurs, la recomposition d’un statut masculin gratifiant passe aussi par l’adoption d’un répertoire d’action virile. Pourtant, ce répertoire emprunte aux codes de ce modèle hégémonique et reconduit une division sexuelle du travail militant et une culture ambiante du sexisme au sein de l’organisation. Fondé sur une enquête ethnographique menée au sein d’un groupe de militant·e·s engagé·e·s contre la chasse à courre et sur une série de douze entretiens conduits auprès de plusieurs d’entre elleux, ce travail empirique questionne les répercussions genrées de l’adoption d’un régime végétarien et s’intéresse à la recomposition de la domination masculine dans des espaces émettant pourtant des critiques vis-à-vis de l’ordre patriarcal. Dans la poursuite de travaux combinant les études de genre et la sociologie du militantisme, ce travail de recherche a donc pour objet d’exposer le caractère déviant des carrières végétariennes masculines, à l’aune des répercussions que cet engagement induit sur l’identité genrée. Il cherche par ailleurs à mettre en exergue le lien qui se noue entre les enjeux propres à un mouvement, le répertoire d’action collective, la division sexuelle du travail militant qui en résulte et la structuration des rapports sociaux de sexe dans des espaces militants à forte prétention féministe.

Résumé en anglais

This research work raises the issue of the structuring of gender relations in a movement that defends an ethic linked to an ideal of anti-sexism. The recent emergence and fragile legitimacy of the antispeciesist movement among the other “progressive struggles” are not without consequences on the forms of gender relations, all the more so since one of the requirements of this commitment is the adoption of a diet free of animal flesh. Because they face a process of symbolic devirilization, men who give up on eating animals are taken away from the model of hegemonic masculinity. In addition to condemning the archaic model associated with hunters, the recomposition of a rewarding male status requires the adoption of a repertoire of virile action. However, this repertoire borrows from the codes of this hegemonic model and renews a sexual division of militant labor and an ambient culture of sexism within the organization. Based on an ethnographic survey carried out within a group of activists engaged against hunting and on a series of twelve interviews with several of them, this empirical work questions the gendered repercussions of the adoption of a vegetarian diet and its interest in the recomposition of male domination in spaces that nevertheless emit criticism of the patriarchal order. Continuing researches combining gender studies and the sociology of activism, this research work is therefore intended to expose the deviant aspect of male vegetarian careers, in the light of the repercussions that this commitment induces on gender identity. It also seeks to highlight the link between the specific issues of a movement, the repertoire of collective action, the resulting sexual division of militant labor and the structuring of gendered social relationships in militant spaces with strong feminist ambitions.

Langue de rédactionFrançais
Nb pages171
Diplôme

Master Études sur le genre

EditeurUniversité Angers
Place PublishedAngers
Libellé UFR

UFR de Lettres, Langues et Sciences Humaines