En(quête) de muscle : ethno(bio)graphies des masculinités et productions du capital corporel genré
Titre | En(quête) de muscle : ethno(bio)graphies des masculinités et productions du capital corporel genré |
Type | Mémoire de Master |
Auteurs | Gonzalez-Cabrera Edward-Armando |
Directeurs | Héas Stéphane |
Année | 2020 |
URL | http://dune.univ-angers.fr/fichiers/19009811/2020HMEG12382/fichier/12382F.pdf |
Mots-clés | capital corporel, carrière, façonnage corporel, fitness, Genre, masculinités |
Date de soutenance | 2020-09-04 |
Résumé | "Se prendre en main" est le leitmotiv du zeitgeist néolibéral où il est impératif d’améliorer son capital corporel (Mauger, 2018). Les mœurs se sportivisent depuis le 19e siècle (Queval, 2011) avec le développement du sport : le fitness entre dans ce mouvement depuis les années 1980 (Travaillot, 1998). Selon Andreasson et Johansson (2014a) nous vivons aujourd’hui une « révolution du fitness » : plus ouvert et devenu un véritable « loisir de masse ». Bien que les techniques de soin corporel se standardisent, que les salles de sport se multiplient et que leurs coûts d’abonnement baissent, l’entrée dans cet univers n’est pas homogène. Différents facteurs sociaux (e.g., classe sociale, âge, sexe, etc.) affectent l’accès au fitness en produisant une matrice diversifiée du phénomène. Partant du constat, empirique et analytique, que les hommes sont sur-représentés dans une activité fitness en particulier, la musculation, ce travail analyse comment le genre est (re)produit dans une salle de sport et quels sont les rapports aux masculinités à l’œuvre. Gardant une position autoréflexive (e.g., Bourdieu, 1993 ; Mauger, 1991) et articulée avec les épistémologies féministes de la connaissance située (Haraway, 1988), cette enquête s’inscrit dans un travail ethnographique de trois ans, non continus, dans une salle de sport type grande chaîne de fitness européenne. Afin d’analyser les différentes dimensions de l’objet d’étude, une approche mixte a été privilégiée. Le volet qualitatif prend en compte 56 rapports d’observation participante ; 18 entretiens auprès d’hommes et 2 auprès du personnel ; 8 portraits sociologiques ; production des images in situ et analyse du contenu d’un réseau social officiel. Le volet quantitatif compte des observations chiffrées (492 observations, dont 6.064 femmes, 13.035 hommes cumulé·e·s et non distinct·e·s) ; le traitement et l’analyse de l’enquête nationale EPPS (2010) pour produire un modèle logic sur la probabilité de pratiquer la musculation en France. Si l’analyse est focalisée sur les rapports intragroupes (hommes – hommes), la vision de l’intergroupe (femmes - hommes) et le rôle de l’institution sont intégrés pour rendre intelligible la scène d’interactions. L’analyse des socialisations sportives primaires montre la constitution de dispositions corporelles sexuées pour le sport dans un entre soi masculin, d’exclusion des femmes, mais aussi des garçons moins sportifs. L’arrivée à la salle de sport est fréquemment liée à une insatisfaction corporelle, mais en lien avec les dispositions des hommes et de l’offre contextuelle (e.g., accès à une salle, invitation d’un tiers). Si les corps sont hiérarchisés par leur degré de façonnage et acculturation au fitness, les rapports de pouvoir (e.g., monopolisation d’espaces et du matériel sportif) s’exercent non seulement des hommes sur les femmes, mais aussi des hommes entre eux et dévoile le caractère dynamique et pluriel des masculinités. Les engagements différenciés sont considérés comme une carrière (Goffman, 1961) de façonnage du corps : processus de transformation de soi. Nonobstant, tout changement du corps ne se constitue pas en "réussite", ce qui explique le surinvestissement des hommes sur les espaces de musculation par rapport au cardio-training (79 % contre 21 %) et l’accent pour hypertrophier le haut du corps en comparaison au bas/centre (80 % contre 20 %). L’hétéronormativité et l’homophobie latente explicitent le rejet de certaines formes du travail corporel. Néanmoins, au cours de la carrière et par les interactions avec l’institution, il est possible également de défaire le genre via des façonnages corporels effaçant les frontières entre les "corps de femmes" et "corps d’hommes". |
Résumé en anglais | In (re)search of muscles. An ethno(bio)graphical study of masculinities and the production of gender body capital. "Take control of your life" is the leitmotif of the neoliberal zeitgeist whereby it is imperative to increase one's body capital (Mauger, 2018). Behaviours have been progressively sportified since the 19th century (Queval, 2011) with the development of sport, and fitness emerged in this movement during the 1980s (Travaillot, 1998). According to Andreasson and Johansson (2014a), we are experiencing a "fitness revolution:” fitness is becoming increasingly accessible and has become a “leisure of the masses.” Although body care techniques are standardising, gyms are multiplying and membership prices are decreasing, access to this universe is not homogeneous. Different social factors (e.g. social class, age, gender, etc.) affect the accessibility of fitness, and produce a diverse matrix of the phenomenon. Based on the empirical and analytical observation that men are over-represented in a particular fitness activity, bodybuilding, this work will analyse how gender is (re)produced in a gym and identify the relationships to masculinities at work. Keeping a self-reflective position (eg, Bourdieu, 1993; Mauger, 1991) and articulated in the context of feminist epistemologies of situated knowledge (Haraway, 1988), this dissertation is part of a non-continuous, three-year ethnographic participant observation study in a gym belonging to a large European fitness chain. A mixed approach was employed in order to analyse the different dimensions of the object of study. The qualitative component takes into account 56 participant observation reports; 18 interviews with men and 2 with staff members; 8 sociological profiles; production of in situ images and analysis of the content of the gym’s official Instagram page. The quantitative component includes quantitative observations (492 observations, including 6,064 women, 13,035 men, cumulative and not-distinct); and the processing and analysis of the national EPPS survey (2010) to produce a logic model on the probability of practicing bodybuilding in France. Although the analysis is focused on intragroup relationships (men - men), the interactions of the intergroup relationships (women - men) and the role of the institution are integrated to better understand the social phenomenon. The analysis of primary sports socialisations shows a sexual bodily disposition for sport among boys, which excludes not only girls but also less athletic boys. Gym attendance is frequently linked to body dissatisfaction but is also influenced by one’s disposition towards sport and by contextual factors (e.g. access to the gym, an invitation from a third party). The power relations in the fitness space are hierarchised by body shape and acculturation to the fitness world. Power is exerted through the monopolisation of space and gym equipment, not only by men on women, but also between men, revealing the plural and dynamic character of masculinities. Different commitments are on the scale of the body sculpting career (Goffman, 1961): the process of self-transformation. Nevertheless, not all body changes constitute a "success", which explains the over-investment of men in bodybuilding spaces compared to cardio training (79% vs. 21%) and the emphasis on enlarging the upper body compared to the bottom/centre (80% vs. 20%). Heteronormativity and latent homophobia explain the rejection of certain types of workouts. However, over the course of a career and through interactions with the institution, it is also possible to dismantle gender through body sculpting, blurring the boundaries between "women's bodies" and "men's bodies". |
Langue de rédaction | Français |
Nb pages | 236 |
Diplôme | Master Études sur le genre |
Editeur | Université Angers |
Place Published | Angers |
Libellé UFR | UFR de Lettres, Langues et Sciences Humaines |