Introduction : en France, les consultations sans prescription médicamenteuse restent très marginales. Les différentes études estiment ce pourcentage à environ 20%. La littérature a montré que les patients étaient plus enclins que leur médecin à ne pas avoir de prescription systématique. Chez les médecins thésés, plusieurs freins ont été repérés, tels le temps de consultation, l’inexpérience, les attentes supposées des patients et les conflits avec ces derniers. L’influence des laboratoires pharmaceutiques dans les prescriptions en médecine générale a été également décrite comme importante, même si plusieurs mesures récentes ont tenté de la limiter. Jusqu’à lors, aucune étude ne s’était spécifiquement intéressée au point de vue des internes. Ce sont les médecins de demain et requérir leur avis sur le sujet semblait pertinent.
Sujets et Méthodes : il s’agissait d’une étude qualitative par analyse thématique de contenu au moyen de focus groupes et d’entretiens individuels. Ils ont été réalisés auprès des internes en Stage Ambulatoire en Soins Primaires en Autonomie Supervisée (SAPAS) de la subdivision d’Angers, après avoir obtenu leurs consentements écrits.
Résultats : il a été réalisé deux focus groupes réunissant respectivement neuf et sept internes. Ils ont été complétés par six entretiens individuels, qui ont permis la saturation des données. Les internes ont rapporté que la prescription médicamenteuse occupait une place importante, même si elle n’était pas indispensable, et qu’elle définissait la « légitimité » du médecin. Pour ne pas prescrire de médicament, il fallait prendre du temps et faire preuve de pédagogie ainsi que bien identifier la demande du patient. Il était important de s’adapter au contexte d’exercice, notamment de la démographie sanitaire. La méthode de rémunération des médecins et la capacité financière des patients ont également été évoquées comme influençant les prescriptions. Il est apparu que l’influence des Maîtres de Stages Universitaires (MSU) était majeure dans la manière de prescrire des internes. Globalement, les internes étaient satisfaits de leurs prescriptions, même si elles pouvaient parfois être source de difficulté. Les consultations sans prescription médicamenteuse, estimées par les internes aussi peu fréquentes que dans les données de la littérature, ne présentaient pas de difficulté quand les attentes des patients étaient clairement identifiées comme étant différentes d’une demande d’ordonnance. Dans les autres situations, il existait un sentiment général de trop prescrire et une volonté de diminuer le nombre de prescription médicamenteuse en corrélation avec leur expérience. La formation sur les prescriptions au cours du cursus universitaire était globalement jugée comme insatisfaisante.
Conclusion : les internes semblent enclins à limiter les prescriptions médicamenteuses, mais le manque de temps, leur inexpérience et les idées reçues sur les attentes des patients les freinent dans leur démarche. L’acquisition d’une expérience personnelle et l’accompagnement des MSU permettraient d’affirmer leur choix en matière de prescription. Il serait important de perfectionner la formation sur le sujet, pour que les internes puissent acquérir les compétences nécessaires à leur pratique. Il serait également pertinent de penser l’organisation de l’exercice médical, afin de valoriser les actes de prévention, favorisant les consultations sans prescription médicamenteuse.
Introduction : in France, the number of consultations without drug prescriptions remain very limited, with an estimation of 20% according to different studies. Some studies have showed that patients are more open than doctors to not automatically receive drug prescriptions during a consultation. For doctors, the limited number of consultations without drug prescriptions, could be explained by the duration of one consultation, the lack of experience, the patient expectation and conflicts. The influence of pharmaceutical companies, from which the lobbying has been limited by restricted visits of interns could be another reason. It seemed interesting to ask interns about this topic as they will be the doctors for tomorrow
Methods : this is a qualitative study where the data was collected and classified from focus groups and individual
interviews. Those were made from interns working for primary care during an outpatient internship in Angers and after obtaining written informed consent.
Results : two focus groups were carried out, bringing together nine and seven interns respectively, and then completed by six individual interviews at the end of which the saturation of the data was obtained. Prescribing was important, even though it was not essential. It defined the legitimacy of the physician. In order not to prescribe medication, it was necessary to take the time and show pedagogy once the patient’s request was taken into account. It was important to adapt to the context of the exercise, particularly health demography. For the interns, Mentorship was an asset in the necessary experience to prescribe less. Overall the residents were satisfied with their prescriptions, even if it could sometimes be uncomfortable. But the non-prescription was anchored in their practice and tended to expand over time. However, the formation of this theme was often lacking.
Conclusion : interns tend to be more willing to restrain drug prescriptions. However this endeavour is hindered by their lack of time as well as their lack of experience and common beliefs about patients' expectations. Mentorship in addition to the acquired experience would allow them to stand by their prefered prescription. Therefore it would be beneficial to give a proper training on this matter alongside with a new vision of medical practice that promotes listening and prevention rather than prescribing drugs.