Prise en charge des femmes victimes de violences conjugales : évaluation du vécu et de la formation des internes au cours de leur DES de médecine générale à la faculté de médecine d’Angers

TitrePrise en charge des femmes victimes de violences conjugales : évaluation du vécu et de la formation des internes au cours de leur DES de médecine générale à la faculté de médecine d’Angers
TypeThèse d'exercice : Médecine
AuteursChiron Noémie
DirecteursGhali Maria
Année2020
URLhttps://dune.univ-angers.fr/fichiers/20100915/2020MCEM12140/fichier/12140F.pdf
Mots-cléscertificat, dépistage, formation, médecine générale, Violences conjugales
Résumé

Introduction : la littérature mettait en évidence de nombreuses difficultés et freins à la prise en charge de femmes victimes de violences conjugales (VC), dont celui du manque de formation des médecins. Le but de cette étude était d’explorer le vécu des internes en médecine générale de la faculté d’Angers lors de ces consultations, ainsi que leur formation durant le DES sur cette thématique.

Matériel et Méthode : il s’agissait d’une étude qualitative au moyen d’entretiens individuels semi-dirigés, auprès d’internes de médecine générale de la faculté d’Angers. Une retranscription a permis une analyse inductive du verbatim selon une théorisation ancrée. Un double codage et une triangulation des données ont été réalisées avec la directrice de thèse. L’étude a été conçue pour répondre à un maximum de critères de qualité de la grille COREQ.

Résultats : quatorze entretiens ont été réalisés au total. La majorité des internes interrogés déclaraient spontanément et de façon inattendue, n’avoir jamais été confrontés à une consultation où il était question de VC. La majorité ne réalisait pas de dépistage systématique, mais sur points d’appel, ce qui était perçu comme plus facile à réaliser. La consultation comportait un temps médical pour la prise en charge de cet autre motif, avec toutefois un vécu de l’examen clinique fort, où « la parole se libérait » davantage. Un suivi était dans la plupart des cas programmé, avec la mise en place de consultations ultérieures. Il était également question du vécu psychologique des patientes, et du « stade » où elles en étaient. Les internes interrogés décrivaient leurs « profils », et « l’ambivalence » qui pouvait exister. Plusieurs internes disaient ne pas rencontrer de difficulté particulière lors de ces consultations, mais plusieurs freins étaient toutefois identifiés : la crainte du jugement en abordant un sujet « tabou » ; la « banalisation » et « minimalisation » du vécu de ces VC ; la « honte » ressentie par les patientes ; les violences anciennes vécues comme « normales ». De plus, il était rapporté des difficultés liées au statut d’interne, au manque de temps, à la méconnaissance du réseau local pour l’orientation des patientes, ainsi que les démarches juridiques (certificats, ITT…). Par ailleurs, les internes rapportaient que la relation avec le médecin généraliste était primordiale pour ces patientes, qui venaient chercher, lors de la consultation, un temps d’écoute. Enfin, concernant la formation, les internes décrivaient une évolution au cours de leur cursus, avec des difficultés plus marquées en début d’internat. Ils rapportaient néanmoins la nécessité d’une formation complémentaire, que ce soit sur le plan des connaissances ou des compétences à acquérir, pour une prise en charge plus sereine de ces consultations.

Conclusion : les résultats de cette étude pourraient être exploités pour essayer d’apporter une réponse à la demande de formation de la part des internes en médecine générale, afin de les accompagner dans les difficultés rencontrées lors de ces
consultations.

Résumé en anglais

Introduction : the literature highlighted many difficulties and obstacles to the care of women victims of domestic violence, including the lack of training for doctors. The aim of this study was to explore the experience of general medicine interns at the Faculty of Angers during these consultations, as well as their training during the DES on this matter.

Material and Method : this was a qualitative study by means of semi-structured individual interviews with General Medicine interns from the Faculty of Angers. A transcript allowed an inductive analysis of the verbatim according to an ingrained theorization. A double coding and triangulation of the data was carried out with the thesis director. The study was designed to meet a maximum of quality criteria of the COREQ grid.

Results : a total of 14 interviews were conducted. Most of the interns interviewed stated spontaneously and unexpectedly that they had never been confronted with a consultation involving domestic violence (DV). The majority did not perform systematic screening, but on the point of call, which was perceived to be easier to do.
The consultation included a medical time for the management of this other reason, with however a strong clinical examination experience, where "speech was freed up" to a greater extent. Follow-up was in most cases scheduled, with the establishment of subsequent consultations. The psychological experience of the patients and the "state" they were in was also discussed. The interns interviewed described their "profiles" and the "ambivalence" that might exist. Several interns said they did not encounter any particular difficulty during these consultations, but several obstacles were nevertheless identified: fear of judgment when tackling a "taboo" subject; the "trivialization" and "minimization" of the experience of these VC; the "shame" felt by the patients; and past violence experienced as "normal". In addition, difficulties were reported related to the status of intern, lack of time, lack of knowledge of the local network for patient orientation, and legal procedures (certificates, ITT, etc.). Moreover, the interns reported that the relationship with the general practitioner was essential for these patients, who came to the consultation to be listened to. Finally, regarding the training, the interns described an evolution during their course of study, with more marked difficulties at the beginning of the internship. Nevertheless, they reported the need for additional training in terms of knowledge and skills to be acquired to be able to handle these consultations more serenely.

Conclusion : the results of this study could be used to try to provide an answer to the demand for training on the part
of general medical interns, to support them in the difficulties encountered during these consultations.

Langue de rédactionFrançais
Nb pages151
Diplôme

Diplôme d'État de docteur en médecine

Date de soutenance2020-09-03
EditeurUniversité Angers
Place PublishedAngers
Libellé UFR

UFR Médecine

Numéro national2020ANGE096M