La décolonisation a donné lieu à de multiples déplacements d’archives, de la colonie en passe de devenir un État indépendant vers sa métropole, le plus souvent unilatéralement décidés par la puissance impériale sur le départ. Ils ont entraîné une vague de contentieux archivistiques internationaux s’enlisant au fil des années et faisant par conséquent de la décolonisation un tournant en la matière, se plaçant qui plus est dans la continuité du choc déjà constitué par la Seconde Guerre. Face à cette situation, le Conseil international des Archives (ICA), appuyé par l’Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), tente à partir des années 1970 d’élaborer un nouveau cadre théorique afin de sortir de ce qui est alors considéré comme une impasse. Les négociations archivistiques menées au début des années 1980 entre la France et l’Algérie donnent à voir la mobilisation, dans le cadre d’une dispute archivistique causé par un déplacement d’archives caractéristique des processus de décolonisation (en 1961-1962 à l’aube de l’indépendance de l’Algérie, à la seule initiative de la France), de cette réflexion archivistique internationale. Aux revendications de restitutions se mêlent également de lourds enjeux politiques et diplomatiques, entraînant l’éclatement à la fin de l’année 1981 d’un intense débat public parmi la société française sur la possibilité de remettre aux autorités algériennes les archives qu’elles revendiquent.
Decolonization gave rise to a large number of archive transfers, from the colony about to become an independent state to its metropolis, most often unilaterally decided by the departing imperial power. This led to a wave of international archival disputes that became increasingly entangled over the years, making decolonization a turning point regarding this matter, following on from the shock already caused by the Second World War. Faced with this situation, the International Council on Archives (ICA), supported by the United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization (UNESCO), set out in the 1970s to develop a new theoretical framework to break what was then considered a deadlock. The archival negotiations conducted in the early 1980s between France and Algeria illustrate the mobilization of this international archival debate, in the context of an archival dispute caused by a displacement of archives characteristic of the decolonization process (in 1961-1962, at the dawn of Algerian independence, at the sole initiative of France). The demands for restitution were also fraught with political and diplomatic issues, leading to an intense public debate in French society at the end of 1981 about the possibility of handing over to the Algerian authorities the archives they were demanding.