Troubles psycho-comportementaux et estime de soi : étude du lien chez des patients neurologiques

La littérature des patients neurologiques relate de nombreux troubles comportementaux et thymiques posant des soucis d’évaluation et de prise en charge. Pourtant l’importance de comprendre et stabiliser au mieux ces troubles est primordiale. Outre la lésion cérébrale et les raisons neurobiologiques, d’autres facteurs sociaux et psychopathologiques sont à considérer pour expliquer au mieux ces perturbations psychocomportementales. Le concept de l’estime de soi nous parait être dans notre société occidentale un concept clé pour expliquer en partie les désorganisations que les patients cérébrolésés connaissent. Notre travail consiste à mettre en avant cette intrication entre les modifications psycho-comportementales et le déficit d’estime de soi. Pour réaliser cette étude nous avons utilisé divers questionnaires : la PCRS en auto et hétéro-évaluation afin d’objectiver la présence de troubles du comportement, mais également mettre en exergue l’anosognosie, connue chez certains patients neurologiques. L’HAD pour étudier les troubles thymiques. Et l’échelle d’estime de soi de Rosenberg pour mettre en évidence les différents niveaux de représentation de soi. Très peu d’études ont mis en lien les troubles psycho-comportementaux et l’estime de soi. Nous tentons dans ce travail de contribuer à cette hypothèse en postulant que les troubles psycho-comportementaux seraient en lien avec une modification de l’estime de soi après un accident vasculaire cérébral ou un traumatisme crânien modéré à sévère. Sur une population de 29 patients, 11 ont une modification réelle de l’estime de soi. Sur ces 11 patients, 6 ont des troubles du comportement associés, et 7 autres ont une symptomatologie anxieuse ou dépressive. L’utilisation de tests statistiques et d’analyses qualitatives a permis cette observation plus fine des résultats et nous permet d’avancer que l’utilisation de ces questionnaires a donc été pertinente pour objectiver un lien entre l’estime de soi et les troubles psychocomportementaux, qui nous semble nécessaire à la bonne compréhension de la souffrance psychologique du patient et de sa famille, avec ainsi par la suite, la proposition d’une prise en charge pluridisciplinaire adaptée.