Introduction
En juin 2024, la Polynésie française a instauré la prise en charge financière du vaccin contre le papillomavirus humain (HPV) pour les adolescents de 11 à 14 ans. Dans un contexte où la couverture vaccinale était jusqu’alors quasi inexistante, les médecins généralistes (MG) sont devenus les principaux acteurs du déploiement vaccinal. Cette étude vise à explorer leurs perceptions, pratiques, freins et leviers huit mois après la mise en œuvre de la mesure.
Matériels et méthodes
Une étude observationnelle descriptive transversale a été réalisée entre janvier et mars 2025 auprès de l’ensemble des médecins généralistes inscrits en Polynésie française (n = 313), par auto-questionnaire anonyme en ligne. Le recueil portait sur les caractéristiques sociodémographiques, les connaissances, les attitudes, les pratiques déclarées, les obstacles rencontrés et les leviers potentiels. Une analyse univariée et multivariée par régression logistique a permis d’identifier les facteurs associés à la prescription vaccinale.
Résultats
Sur les 106 médecins répondants (33,9 %), 80,2 % déclaraient avoir prescrit au moins une dose de vaccin HPV le mois précédent l’enquête. La majorité des répondants affirmait faire confiance à l’efficacité (98,1 %) et à la sécurité (98,1 %) du vaccin. Néanmoins, 96,2 % rapportaient rencontrer des difficultés, principalement liées à l’hésitation des patients (86,8 %), à la difficulté d’aborder le sujet en consultation (86,7 %) et à des contraintes logistiques (66,3 %). Deux facteurs étaient indépendamment associés à la prescription récente du vaccin : une meilleure connaissance des recommandations locales (OR ajusté = 35,3 [2,4– 514,6]) et un nombre plus faible de difficultés perçues par les médecins de l’étude (OR ajusté = 0,76 [0,57–0,99]). Les principales pistes proposées pour renforcer la couverture vaccinale incluaient le développement de l’éducation à la santé sexuelle à l’école (99,1 %), l’amélioration de la communication publique (98,1 %) et l’introduction d’une vaccination scolaire (93,3 %).
Conclusion
Malgré une adhésion forte au principe vaccinal, les MG polynésiens rencontrent de nombreux freins à la mise en œuvre de la vaccination HPV. Une stratégie publique multifactorielle intégrant les professionnels de santé, l’école et la communauté, semble nécessaire pour améliorer l’équité et l’efficacité du programme.
Introduction : in June 2024, French Polynesia introduced financial coverage for the human papillomavirus (HPV) vaccine for adolescents aged 11 to 14. In a context where vaccination coverage was previously almost non-existent, general practitioners (GPs) became the primary actors in the vaccination rollout. This study aimed to explore their perceptions, practices, barriers, and facilitators eight months after the implementation of this measure.
Material and Method : a cross-sectional descriptive observational study was conducted between January and March 2025 among all general practitioners registered in French Polynesia (n = 313), using an anonymous online self-administered questionnaire. Data collection focused on demographic characteristics, knowledge, attitudes,declared practices, encountered obstacles, and potential facilitators. Univariate and multivariate analyses using logistic regression were performed to identify factors associated with vaccine prescription.
Results : a mong the 106 responding physicians (33.9%), 80.2% reported having prescribed at least one dose of the HPV vaccine in the month preceding the survey. The majority of respondents expressed confidence in the vaccine's effectiveness (98.1%) and safety (98.1%). Nevertheless, 96.2% reported encountering difficulties, mainly related to patient hesitancy (86.8%), challenges in addressing the topic during consultations (86.7%), and logistical constraints (66.3%). Two factors were independently associated with recent vaccine prescription : better knowledge of local recommendations (adjusted OR = 35.3 [2.4–514.6]) and a lower number of reported difficulties (adjusted OR = 0.76 [0.57–0.99]). The main strategies suggested to improve vaccine coverage included the development of sexual health education in schools (99.1%), enhanced public communication (98.1%), and the introduction of school-based vaccination programs (93.3%).
Conclusion : despite strong support for the principle of vaccination, GPs in French Polynesia face numerous obstacles to implementing HPV vaccination. A multifactorial public health strategy involving healthcare professionals, schools, and the community appears necessary to improve both the equity and effectiveness of the vaccination program.