Introduction : depuis 2018, les infirmiers en pratique avancée ont fait leur apparition dans le domaine de la santé en France, dans un contexte de pénurie médicale grandissante, face à une population vieillissante et atteinte de pathologies chroniques nécessitant de plus en plus de soins. Cette profession, à cheval entre les infirmiers et les médecins, questionne un grand nombre d'acteurs de la santé. En médecine, la prise en charge des patients est fondée sur la médecine par les preuves, de celle-ci découlent de nombreuses recommandations ainsi que des protocoles diagnostiques, thérapeutiques, de suivi. Notre étude vise à interroger les infirmiers en pratique avancée sur leurs besoins en protocoles et la mise en place d’une collaboration avec les médecins.
Méthodes : il s’agit d’une étude qualitative réalisée par le biais d'entretiens semi-dirigés auprès d’infirmiers en pratique avancée exerçant dans le Maine et Loire, la Sarthe et la Mayenne.
Résultats : l’échantillon comporte onze infirmiers en pratique avancée : huit en pathologies chroniques et stabilisées, trois en psychiatrie et en santé mentale. Très peu utilisent actuellement des protocoles dans leur pratique, alors qu’ils en utilisaient tous lorsqu’ils exerçaient en tant qu’IDE. La compétence recherche est peu développée chez les IPA par rapport aux autres compétences. Le protocole est perçu comme un outil sécurisant, permettant une standardisation des prises en charge, mais certains rapportent le côté limitant ainsi qu’une perte d’autonomie et de reconnaissance de leurs compétences. Malgré cela, tous sont intéressés pour la rédaction de protocoles adaptés à leur profession, en collaboration avec les médecins.
Conclusion : les IPA semblent intéressés par des protocoles dédiés à leur pratique, rédigés en collaboration avec les médecins. Le développement de ces protocoles permettra-t-il de favoriser la pratique fondée sur les preuves, encore peu étudiée dans les sciences infirmières.
Introduction : since 2018, advanced practice nurses (APNs) have been introduced into the French healthcare system, in a context of increasing medical shortages and an aging population with chronic conditions requiring more and more care. This profession, which lies between nursing and medicine, raises questions among many healthcare stakeholders. In medicine, patient care is based on evidence-based practice, which leads to the development of numerous recommendations and diagnostic, therapeutic, and clinical protocols. Our study aims to explore the needs of advanced practice nurses regarding protocols and their collaboration with physicians.
Methods : this is a qualitative study conducted through semi-structured interviews with advanced practice nurses practicing in Maine-et-Loire, Sarthe, and Mayenne.
Results : the sample included eleven advanced practice nurses: eight specialized in chronic and stabilized conditions, and three in psychiatry and mental health. Very few reported using protocols in their current practice, although all had previously used them as registered nurses. Research skills were less developed among APNs compared to their other missions and competencies. Protocols were seen as reassuring tools that contributed to the standardization of care; however, some participants highlighted the limiting aspects of protocols, including a perceived loss of autonomy and recognition of their skills. Despite these concerns, all participants expressed interest in developing protocols tailored to their profession in collaboration with physicians.
Conclusion : APNs appear interested in protocols dedicated to their practice and developed in collaboration with physicians. The development of such protocols could help foster evidence-based practice, which remains underexplored in nursing sciences.